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Le Présent Défini
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18 juillet 2011

La Traviata, Aix en Provence 2011 : un combat perdu d’avance

web_traviata__469x239Pourquoi une soprano qui n’a plus l’âge du rôle souhaite t’elle chanter un opéra taillé bien trop grand pour ses capacités vocales ? Si Natalie Dessay s’est coulée à merveille dans Mozart ou Donizetti, le personnage de la demi-mondaine phtisique semble bien loin de son univers, Mais toutes les sopranos en rêvent avant qu’il ne soit trop tard.

Et bien côté voix, ce n’est pas vraiment cela. Le début sera à la limite de l’audible, des notes aigres, des aigus mal assurés, du tranchant et du cinglant. On espérait d’avantage de rondeur et de volupté de la part d’une courtisane amoureuse. Dans l’acte II, on attend de la souffrance, du déchirement dans le duo le plus poignant de tout l’opéra, et il ne se passe rien. Plus le livret avance, plus l’héroïne est rattrapée par la maladie, plus la voix doit se faire dramatique, tragique, jusqu’à devenir au dernier acte un souffle, une respiration souffrante avec un timbre qui râle. Nathalie Dessay se contente de sur jouer, de caricaturer le rôle avec des tics vocaux vite insupportables. Non, la Traviata n’est pas folle, non elle n’est pas une hallucinée, elle se meurt d’une maladie qui épuise son organisme. Là où l’on attend une extrême fragilité, une voix brisée, une vulnérabilité bouleversante, on observe des gestes saccadés, une raideur des mouvements, une démarche titubante.

Evidemment, l’émotion ne passe pas, on ne croit pas un seul instant à son personnage qui laisse de glace. Il faut dire que la soprano n’est pas aidée par les choix du metteur en scène. Pourquoi avoir fait de Violetta une femme déjà mûre, usée, maquillée à outrance ? Lorsque Violetta retire sa perruque, j’ai eu soudain la vision d’une Gloria Swanson décatie. Violetta, réduite à une caricature de vieille femme parkinsonienne…Trahison du livret. Les duos d’amour ne fonctionnent pas (Violetta a l’air d’être la mère d’Alfredo) et tout l’opéra vacille dans un pathos de mauvais aloi. Son agonie devrait être celle d’une femme encore jeune et belle qui sent son corps l’abandonner mais qui reste absolument lucide jusqu’au bout, couchée dans un lit où la maladie l’a clouée. Eh bien, Natalie Dessay, reste debout, telle une démente : étonnant pour une tuberculeuse…

Ce manque de lisibilité du livret, ce goût de l’exagération qui vire au grotesque, ce refus de la simplicité de l’histoire de la Traviata mettent mal à l’aise. La musique est si remarquable, malgré une direction d’orchestre un peu faiblarde (pardi, faire jouer du Verdi à un orchestre symphonique…), les duos tant porteurs d’émotion, les grands airs tellement magiques que l’on se doit de se mettre au service de la partition, pas de réécrire l’histoire pour le seul plaisir de paraître intelligent.

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Commentaires
G
Tout à fait d'accord avec Alain .Cela devient insurportable! Il est décevant de voir de grands chanteurs se plier ,voire approuver de telles"réinprétations" d'un compositeur ...<br /> D'autant plus que l'on souffre de plus en plus de metteurs en scène ,hélas devenus MAITRES,éloignés du monde lyrique ,qui arrivent avec des idées souvent sans rapport avec l'ouvrage .Certes j'admets que l'on suive son siècle mais il y a mesure à tout , et non une interprétation abusivement différente de l'oeuvre!<br /> Les exemples sont ,hélas ,nombreux!
K
Bonjour,<br /> Aucune prétention de critique musical patenté. Un blog n'est pas le lieu d'une critique journalistique argumentée et partiale. On y est libre d'être subjectif et même de mauvaise foi...et de ronchonner devant une mise en scène qui grince. On peut aussi laisser un post avec de l'humour, sans raideur ni injonction... :-)
A
Opera et mise en scène<br /> <br /> 1. <br /> Comment peut-on se faire valoir à ce point en tant que metteur en scène : quand on va écouter Verdi (ou un autre compositeur) on doit montrer du Verdi et cela suffit de trouver du génie à ces découvreurs d’imagination soudaine! on voit de tout et de n’importe quoi et surtout du mauvais! et du pire!<br /> que cette personne qui voit mieux les choses que les compositeurs ont mis des heures et des années à les peaufiner : cela suffit<br /> de plus nous, les spectateurs, ne savont jamais à quelle sauce, nous allons voir leur « chef d’Oeuvre » qu’ils se sont appoprié<br /> heureusement qu’il n’ont pas la main mise sur la musique et la partition (quoi que!!) car nous aurions droit à une Traviata ou un Rigoletto » pop ou funk ou autre inovation ou trouvaille!<br /> arrêtez de prendre les spectateurs en otage et que la rançon soit payée d’avance avant de s’emparer des chanteurs et de l’oeuvre!<br /> nous payons sans savoir! et c’est une fois sur place qu’on voit des choses ignobles et horribles qui n’ont RIEN a voir avec l’ouvrage<br /> on devrait pouvoir se faire rembourser dans ces cas là : si vous payez pour un bon bourgogne, doit-on rien dire quand on vous sert un coca….<br /> il n’y a plus aucun respect du public et cela devient abominable<br /> certains snobs trouveront cela merveilleux, divin, plein de trouvailles de nouveautés, de dépoussièrage de non-kitch,etc,mais que connaissent-ils dans ces opéras<br /> il faudrait qu’on donne au public des images de ce qui’ils vont voir lorsqu’il va payer des centaines d’euro pour ces metteurs en scène libidineux et onanistes<br /> ce n’est plus le Rigoletto de Verdi mais une « crotte » de Paul Emile Fourny, ou de Carsen, ou d’autre farfelu qui se font valoir par leur misérabilisme persistant<br /> honte à ces gens là qui tuent l’opéra<br /> il faudrait d’urgence que le public réagisse et qu’un organisme vérifie et autorise la représentation d’opéras « bio », d’Origine Controlée, pour ne plus berner ceux qui paient pour voir ce que les compositeurs et librettistes ont si bien pensé et qui eux étaient des génies<br /> annoncer, proposer, montrer avant pour avoir le choix de ne pas se faire kidnapper par ces faussoyeurs de l’art lyrique<br /> nous pensons donc à monter cette association de défense de l’opéra avec de grands noms qui nous suivront<br /> a bon entendeur<br /> salut<br /> Répondre<br /> Laisser une réponse
T
Je voulais dire "moins conventionnels" bien sûr...
T
Je voulais quand même ajouter que Nathalie Dessay est d'une fémininité, d'une grâce et d'une fantaisie qui lui permettent de jouer la jeune femme qu'est Violetta. C'est le grand atout d ela scène que de faire voler en éclats les petites conventions de l'âge ou du physique pour atteindre des degrés bien "conventionnels" de représentations. Ainsi, des hommes jouent Hamlet à 50 ans ou des femmes Bérénice au même âge. Et si leur talent est là, cela ne pose aucun problème. Au contraire, rien ne donne plus d'intensité à un personnage que l'expérience et la matière accumulée. Pour jouer quoi que ce soit. Enfin, Mlle Dessay est si belle! l'argument de l'âge est désolant... Quant à la voix, jugez... Ca se passe de commentaires. Voilà, j'arrête à présent...
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