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Le Présent Défini
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22 juillet 2013

Kritsa et sa Panagia Kera

Si comme nous vous avez pris la clef des champs après avoir difficilement survécu à Agios Nikolaos (station balnéaire qui n’a de crétoise que le nom, moderne et sans caractère, grouillante comme une fourmilière, tape-à-l’œil et synthétique), faites dix kilomètres dans les terres jusqu’à Kritsa… je sais, j’entends bon train les commentaires, « Kritsa, pas contrefaite ? Kritsa, pas falsifiée ? ». Moderato siouplait. Kritsa est avant tout un vrai et vieux village construit à flanc de montagne avec, sur ses hauteurs, d’anciennes demeures bordant des ruelles typiques, étroites et fraîches. Certes, la magie opère moins lorsque des armées de cars déversent les touristes venus d’Agios Nikolaos, pour arpenter la rue principale, ourlée de boutiques de broderie : si quelques mamies cousent, crochètent, festonnent encore sur leur pas de porte, les quintaux de tissus manufacturés viennent tout droit … de très loin. Nous avons été médusés par l’agressivité de ces grand' mères vêtues de noir, devenues business women, qui vous intiment l’ordre d’entrer dans leurs échoppes à grand renfort d’admonestations tonitruantes : c’est à celle qui braillera le plus fort, qui vous attrapera par le bras, qui jettera sur vous les pires anathèmes en vous voyant entrer chez leurs voisines. Vous aurez l’inconfortable impression d’être tombé dans un nid d’araignées sous amphétamines, qui n’ont de cesse de vous capturer dans leur toile. Flippant.

Il faut déambuler tard le soir, lorsque le calme revient, que les rues sont désertes, pour goûter l’atmosphère paisible qui se dégage de ses murs, ou venir très tôt le matin, lorsque la lumière douce dore les pierres et joue dans la vigne vierge des balcons : on y croise encore des papys sur leurs ânes qui ramènent les herbes fraîchement coupées, les livreurs de fromages frais et de lait auxquels les mamies encore sereines tendent leur bidon, et un bottier sans âge qui confectionne encore des bottes crétoises certifiées conformes.

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Kritsa  Kritsa7

Ceux qui ont pu voir le film de Jules Dassin, Celui qui doit mourir, adapté du roman de Kazantzakis, Le Christ crucifié, reconnaîtront les ruelles de Kritsa comme toile de fond de cet hymne à la résistance grecque devant l’occupation turque (la place centrale du village porte d’ailleurs le nom de son actrice de prédilection et épouse). Le choix de Dassin n’a rien d’étonnant, puisque Kritsa est le lieu de naissance de Rhodanthe, surnommée Kritsotopoula, jeune fille héroïque dans sa lutte contre l’occupant et qui batailla avec les rebelles crétois dans des habits d’homme, jusqu’à tomber en 1823, sous les balles turques.

Enfin, Kritsa est surtout fameuse pour sa Panagia Kera, église à trois nefs et coupole, dédiée à la Dormition de la Vierge, située sur la route du village. De l’extérieur, ce bâtiment court sur pattes, lourd comme une pâtisserie retombée, encore épaissi par des contreforts bourratifs, ne vous secoue pas de curiosité. Mais une fois le seuil franchi, les couleurs vont littéralement… retentir, sonner, carillonner, vous aciduler le palais.

Panagia Kera

La nef centrale à coupole basse, de structure archaïque, date de la fin du XIIe siècle ; un siècle plus tard, lors de sa restauration à la suite d’effondrements, on la flanquera de deux nefs latérales, communiquant par des passages intérieurs arqués. S’il reste encore des fresques originelles datées du milieu du XIIIe siècle dans l’abside du sanctuaire de la nef centrale, tous ses autres murs seront alors recouverts de nouveaux motifs, comme le seront, au milieu du XIVe siècle, les deux nefs supplémentaires. L’intérêt de la Panagia Kera est donc de suivre l’évolution sur un siècle des motifs, des caractères, de la facture des fresques, admirablement conservées.

Ainsi, de la première couche picturale de la nef centrale dédiée à la Vierge, ne subsistent que des évêques officiants, quelques Saints et des Archanges, suivant une représentation bien établie par les codes de l’époque, empreinte de solennité, de spiritualité… et de sévérité. La seconde vague de fresques de la nef centrale, réalisée cinquante ans plus tard, illustre les grands temps de la vie du Christ, de sa naissance à sa Résurrection, entouré d’Archanges, des Évangélistes, des Apôtres, de Diacres et de Prophètes mais aussi d’une très étonnante vision des enfers, bien audacieuse. Les visages s’humanisent, expriment des sentiments, prennent de la chair et du volume, même si les corps restent encore figés et mal proportionnés.

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La nef Sud, dédiée à Sainte Anne et à la conception de la Mère du Christ, est habillée de  fresques qui s’éloignent totalement du style de la nef centrale : dans une très complète monographie de la Panagia Kera, l’archéologue Katerina Mylopotamitaki relie la fragmentation de l’Empire byzantin après la chute de Constantinople et la disparition d’un pouvoir fort centralisé, avec une liberté d’expression artistique accrue, davantage tournée vers l’homme, ses sentiments et les problèmes sociaux de l’époque. Disparue la raideur des postures, les vêtements suivent désormais les mouvements et dessinent les rondeurs des femmes, la ligne épaisse et sombre des visages s’affine jusqu’à disparaître, les couleurs s’éclaircissent, le rendu des scènes acquiert un certain réalisme : les textes bibliques ont désormais des résonnances et des prolongements dans le monde terrestre.

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Les couleurs des fresques du Jugement Dernier de la nef Nord, vouée à Saint Antoine, claquent un peu moins : il faut bien reconnaître que le sujet se prête à plus de sobriété, respectant ainsi le caractère funèbre de la thématique. Néanmoins, on retrouve comme dans la nef Sud, des visages fins et expressifs et des vêtements aux plissures délicates.

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De nombreux commentateurs soulignent l’apparition du clair-obscur dans le traitement des visages, dès la fin du XIIIe siècle, dans la seconde couche picturale de la nef centrale, puis dans les deux autres nefs. J’ai eu beau chercher les effets d’ombre et de lumière, force est de constater qu’il ne s’agit en fait, pour donner du relief aux traits des personnages, que de coups de pinceaux blancs sur de l’ocre claire, creusée d’ocre brune. Il y a loin de la coupe aux lèvres…

 

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16 juillet 2013

Esquisse de la Crète vénitienne… Etia (Ετια) et Voïla (Βοϊλα)

Dans l’imaginaire collectif, la Crète évoque la terre de rois légendaires, de monstres terrifiants, de palais fabuleux, le berceau d’une civilisation remarquable toujours auréolée de mystères. Mais elle est fût aussi romaine, arabe, byzantine, vénitienne et turque. Á la pointe orientale de l’île, il est aisé de se perdre dans le lacis de routes étroites et zigzagantes (pas toujours asphaltées) qui desservent de petits villages tranquilles, et qui vous plongent sans préliminaires dans une ambiance médiévale inattendue.

Etia* a émergé devant nous brusquement, alors que nous cherchions une supposée route, imaginée de toutes pièces par le Routard, dont le sens de l’orientation rivalise parfois avec le mien… (!). Petit village peuplé de ruines et de fantômes des temps glorieux, Etia déroule aujourd’hui des ruelles vides et silencieuses, entre des murs écroulés, jusqu’au Palazzo Seragio Serai, trapu comme une forteresse, construit au XVe siècle par ses riches propriétaires du temps jadis, les De Mezzo. Pour les amateurs d’Erotokritos (le poème ou l’opéra), la famille De Mezzo n’est autre que la branche maternelle de Vitsentzos Kornaros… Lorsque la Crète quitte l’escarcelle byzantine pour tomber entre les mains des Doges de Venise, ces derniers attribuent des fiefs aux nobles de la Sérénissime, des terres riches en vignes et en oliveraies, pour accroître encore davantage leur puissance commerciale. Pietro De Mezzo, d’abord installé à Sitia, construit sur les terres fertiles d’un petit village byzantin un magnifique palais de trois étages, flanqué de son blason. Etia se développe de concert jusqu’à devenir, à son âge d’or, le plus grand village de la région avec plus de 500 habitants.

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Etia

Devenu demeure des janissaires durant l’occupation turque, et refuge du plus cruel d’entre eux, Memetakis, tristement fameux pour ses actes de barbarie contre les chrétiens, le Pallazo sera décapité de deux étages lors de l’insurrection crétoise, la vindicte populaire faisant ainsi du passé mortifiant, table rase. En 2008, des travaux de réhabilitation ont redonné sa splendeur au bâtiment, sans toutefois lui restituer toute sa hauteur, stigmate assumé de la victoire grecque sur l’oppresseur.

Si, d’Etia, vous suivez la route de Katelionas, guettez (attentivement) le petit décrochage sur la droite, après Handras, qui vous mènera à Voïla, autre domaine abandonné, propriété de la famille vénitienne Zenos, qui se convertit à l’arrivée des Turcs jusqu’à modifier son patronyme en Tzen Ali ou Djinalis. Voïla est construit sur un rocher, comme une citadelle, plus austère que la belle demeure patricienne des De Mezzo. Du bâtiment principal de trois étages et de ses dépendances, ne restent qu’une tour, deux pièces voûtées, une église, quelques vestiges de maisons de paysans, dont une particulièrement bien conservée, avec un four extérieur. Si les vestiges sont plus délabrés qu’à Etia, le site distille un charme prenant, la lumière jouant sur le relief, le vent murmurant dans une nature qui a repris ses droits.

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Une seconde église, Agios Georgios, construite derrière la tour au XVe siècle, mérite que l’on pousse sa porte grinçante : elle y abrite, sous une fresque de la Vierge, la tombe d’un membre de la famille Solomos…dont on retrouve les armes au dessus de la porte. J’ignorais totalement que la dynastie du poète Dionysos Solomos prenait racine dans ce petit hameau crétois, et non à Zante.

Dans le même après-midi, en vagabondant dans le silence de ces ruines oubliées, nous avons croisé les ombres de trois grandes familles vénitiennes qui ont engendré deux immenses poètes grecs : il y a décidemment de sacrées bonnes ondes, sur ces chemins de traverse…

 * Pour en savoir plus, je vous recommande le livre de Nicole Fernandez, L'habitat crétois : instrument et symbole de la société, chez l'Harmattan - 2011

 

11 juillet 2013

Crète - Route de montagne du Psiloritis (ou mont Ida), entre Anogia et le plateau de Nida

Le premier jour en Crète fût source de contrastes, comme un clair-obscur très prononcé, un contre-pied flagrant, où le meilleur succède au pire. Après avoir pris le pouls d’Héraklion, quel que soit le périple que l’on s’est choisi dans l’île, le passage par le site de Cnossos est quasi inéluctable. Comme beaucoup d’autres visiteurs avant nous, l’enthousiasme répondit aux abonnés absents… Lorsque l’archéologue anglais Evans le met au jour en 1900, celui-ci part du principe qu’il s’agit des ruines du palais du roi Minos et décide de le « restaurer » en partant de ce présupposé, totalement dénué de rigueur scientifique. On sait aujourd’hui, suite au déchiffrage des tablettes trouvées en ces lieux, qu’il s’agit bien plus sûrement d’un centre administratif et religieux, très loin des chimères romanesques d’Evans. Le souci, c’est que le monsieur est intervenu à grands coups de béton, aujourd’hui très abimé, et de peinturlurage, qui jure un peu beaucoup. Les plus belles pièces du « palais » sont à ce jour inaccessibles, parce que l’on restaure… les restaurations. Le rouge Ripolin des colonnes et les copies criardes des fresques donnent au site un côté frelaté du plus mauvais effet. De toutes façons, vue la fréquentation frénétique du site, même tôt le matin en juin, il est difficile de s’immerger  dans cet espace et de laisser, hélas, monter une quelconque fascination.

Knossos2 Knossos5

 

C’est en feuilletant un guide bien connu (page 204 pour l’édition 2013/2014), que nous sommes tombés sur un descriptif on ne peut plus engageant, une montée vers la Crète des montagnes, entre les villages d’Anogia et le plateau de Nida, dominé par l’imposant mont Psiloritis. C’est un peu longuet d’arriver à Anogia à partir d’Héraklion, mais les vingt kilomètres dans un paysage grandiose quasi vierge pallient de beaucoup la durée du trajet initial. Nous ne croiserons pas âme qui vive, suivant les méandres de la route qui serpente sur une terre constellée de pierres plates, parsemée d’arbustes, comme si les titans avaient fracassé au sol de colossaux rochers lors de combats légendaires. Ces pierres sont d’ailleurs utilisées pour l’élaboration des refuges de berger, ces mitata* circulaires, pour certaines toujours en service.

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La route asphaltée s’arrête brutalement sur une espace de grand parking où les bergers garent leur Toyota : vous pouvez partir à pied explorer la grotte du mont Ida, lieu de naissance supposé de Zeus (mais une grotte du plateau du Lassithi brigue aussi cet honneur), tout du moins cachette dégotée par sa mère Rhéa, pour mettre le nourrisson déjà braillard hors de portée de la gloutonnerie de son père Cronos. Si les histoires de famille des Olympiens ne font vibrer aucune corde sensible chez vous, allez vider une Mythos et goûter le fromage fait sur place (il sèche sur les bords des fenêtres), dans une « taverne » aux allures de bunker, qui ne doit pas voir passer beaucoup de touristes. Ses fenêtres s’ouvrent sur une large dépression fertile, vert tendre, où paissent de nombreux troupeaux de moutons, cernée de montagnes. L’altitude atténue la chaleur, le paysage se boit des yeux, pas un bruit hormis le bêlement des animaux, on déguste le fromage de brebis encore tout laiteux pendant que le taiseux berger fait des réussites derrière nous… sans doute une version un peu d’Épinal de la Crète, mais elle est telle que je l’imaginais, très très loin du trafiqué Cnossos.

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* On les appelle de deux façons : To Mitato ou O Koumos. Pour certains, l’appellation dépend de la région (mitato en Crète occidentale, koumos dans les autres montagnes) ; pour d’autres, c’est la forme du toit qui diffère, plat pour le mitato et pointu pour le koumos ; et pour d’autres encore, c’est l’usage qui les distingue : koumos pour un simple refuge et le stockage de matériel, mitato pour une fromagerie.

 

5 juillet 2013

La Crète avec les dents

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On ne m’enlèvera pas de l’esprit que la singularité d’un pays, d’une région, se révèle avant tout dans l’assiette, miroir de la substantifique moëlle de ses habitants : J’aime assez ces raccourcis lapidaires, mais ô combien savoureux, où l’on croque une contrée par son rapport à la nourriture, style : « Si les Anglais peuvent survivre à leur cuisine, ils peuvent survivre à tout ». Oui, je sais… mais à l’époque de Shaw, Jamie Olivier et Gordon Ramsay n’étaient pas encore nés…

En ce qui concerne la Crète, il faut nettement relativiser tous ces élogieux commentaires sur son régime ancestral, garant des excès et des méfaits de notre cuisine occidentale déséquilibrée. Une certaine standardisation due au tourisme de masse, les aménagements pour s’adapter aux habitudes alimentaires des touristes (portions plus importantes, omniprésence des frites), le recours inévitable aux produits surgelés (il est matériellement impossible de fournir du poisson frais tous les soirs aux seize millions de touristes qui viennent en Grèce chaque année) ont dévoyé les us et coutumes rigoureuses.

Toutefois, radieuse nouvelle, la Crète propose encore, si vous êtes curieux, fouille-au-pot, et pas trop routinier dans votre lecture des cartes, des plats qui enchanteront les papilles des becs sucrés mais aussi des végétariens, ceci compensant cela sur la balance : ah, souvenir tout ému devant cette première sfakia pita (galette plate, chaude et craquante fourrée de myzithra, largement arrosée de miel), dégustée à Myrtos, au bord de l’eau dans le tout petit resto de mezzés, « Karavostasi ». Ou de ces kalitsounia de la « Scala Fish Tavern » de Matala, où le patron me surprit me vautrant avec délices dans les jardins de la gourmandise, le doigt et le museau pleins de miel. Hilare devant ma mine confuse, il déposa cinq minutes plus tard, et gracieusement je vous prie, une nouvelle assiette de ces petits chaussons frits, garnis de fromage frais de brebis, largement arrosés du nectar des ruches, omniprésentes dans les montagnes crétoises. Toujours à Matala et bien indiquée dès l’entrée du village, on trouve une excellente boulangerie-pâtisserie, si vous souhaitez déguster un petit-déjeuner digne de ce nom ; « Zouridakis » : service à la ramasse et sourire en option mais succulent rizogalo et bougatsa crémeuse à souhait.

Á Héraklion, chez « Ligo krasi ligo thalassa », c’est une montagne de loukoumades qui arrivera sur votre table avec l’addition, petits beignets ronds, tout dodus et dorés, qui se roulent de nouveau dans … le miel. Plus addictif, on ne fait pas. Dans notre bar de prédiction de Kato Zakros, l’"Amnesia Café", on complète votre petit déjeuner, si on l’estime trop sommaire, par une part de galaktoboureko, encore tiède, dégoulinant de sirop, ou d’un karythopitta, gâteau bien riche en noix, sans bourse délier.

Si l’on souhaite ensuite se donner bonne conscience et alléger ces repas, on optera pour tous ces délicieux plats de légumes, riches en herbes et salades locales, dont les saveurs m’ont plusieurs fois bluffée : fleurs de courgettes, briam, horta, hortopites, dakos… on connaît tout ces plats et pourtant, ils vous émeuvent les papilles d’un tout nouveau parfum. Si vous n’êtes pas trop accro à la caféine en fin de repas, demandez un thé des montagnes - tsaï tou vounou -, délicieuse infusion toujours différente : chacun y met ce qu’il veut (herbes endémiques, dictame, cannelle, menthe, thym, sauge, romarin…) et les dominantes varient dans chaque village, chacun se targuant de posséder la meilleure recette.

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Tavernes testées lors du séjour :

À Héraklion :

« Ligo krasi ligo thalassa »*2 ; délicieuses courgettes frites, façon tempura, mais très bruyant ☺

« Ο Vrakas », voisin du précédent, copie conforme, même niveau sonore ☺

Dans la Messara :

À Kalamaki : « Delfinia » ; recommandé par notre logeur, pas convaincue par le poisson que je soupçonne congelé, malgré les dénégations du proprio

À Sivas : « Sactouris » *2 ; très bonne table pour ceux qui aiment la verdure crue ou cuite dans leur assiette, serveuse adorable☺☺

À Zaros : « Sinontisi » ; bon plan pour une assiette de mezze (pikilia) ultra copieuse à l’heure du déjeuner dans petite taverne tenue par un jeune couple, très sympa ☺☺

À Kommos : « Vrohos » ; sur la corniche en surplomb de la plage de Kommos, bon poisson frais ☺

À Matala : « Scala fish tavern » ; tout au bout du front de mer, à gauche, table un peu plus sophistiquée, excellent bar grillé, poulpe itou ☺☺

Vers l’Est

À Myrtos : « Kravostasi » ; le long de la plage, succession de restos. Nous avons choisi celui qui nous a paru le moins trafiqué pour un encas de midi ; bonne pioche, carte courte mais mezze ultra frais ☺

Tout à l’Est

À Kato Zaros : « Nikos Platanaki » *4 ; notre cantine attitrée, le propriétaire possède son potager et son élevage, la qualité des plats et les assaisonnements s’en ressentent, forte fréquentation grecque, musique certains soirs à la table des locaux ☺☺

À Kato Zaros : « To Akrogialy » ; service collant, limite gluant, cuisine plus standardisée que le précédent

À Kato Zaros : « Nostos » ;  poissons de bonne tenue mais service alangui ☺

À Mochlos : « Ta Kavouria » ; bon rapport qualité prix

Plateau de Katharo

À Kroustas : « O Kroustas » ; table du séjour, très couleur locale, agneau d’anthologie, pâtes faites maison fondantes et onctueuses à souhait, fromage du coin, pain à la saveur unique ☺☺☺

À Kritsa : « Lato » et « Platanos », simple et bon

À Agios Georgios : « Taverne Réa » ; plat du jour imposé, très goûteux au demeurant mais pratique commerciale un peu limite, tout de même.

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1 juillet 2013

On the Road en Crète - Prélude...

Á brûle-pourpoint, ma sainte trinité insulaire grecque ressemblerait à cela : Amorgos, Ithaque et Chios. La Crète allait-elle sur-le-champ se hisser à ces hauteurs stratosphériques pour déloger l’une de ces îles, solidement fichées dans mon Panthéon perso? Contrairement à bien des internautes qui enchaînent les orgasmes en retraçant leur périple crétois, je serai nettement plus mesurée, voire même précautionneuse. J’entends d’ici les hurlements des groupies transies, qui resteront esbaubies devant mes réserves. Désolée, mais non, le virus crétois n’a pas su percer nos défenses et nous secouer l’émotionnel, à l’exception d’un autre « finis-terrae », tout au bout du monde, là, vers l’Est, extrêmité vierge, indomptée, silencieuse et déserte, indifférente à l’anéantissement programmé d’une bonne partie de l’île.

Ne disposant que de 17 jours, nous avons choisi de privilégier la partie orientale de la Crète, en partant d’Héraklion, vers la Messara, puis de longer la côté jusqu’à Kato Zakros, avant de remonter par le plateau de Katharo à notre point de départ.

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Aller à la rencontre de la Crète revient à danser un tango permanent, deux pas en avant, un pas en arrière, à alterner moments forts et vertigineuses déceptions, découvertes somptueuses et visions d’apocalypse ; la liste volontairement caricaturale des étapes de notre périple crétois ressemblerait à cela :

Passez outre, même au mois de juin

- Cnossos (reconstruit, bétonné, défiguré)

- Agios Nikolaos (la côte d’Azur au mois d’août, sans aucune âme)

- Vaï (plage surpeuplée, envahie de touristes déversés par cars entiers)

- La côte de Myrtos à Goudouras, via Ierapetra (une succession de serres dans une odeur fétide d’engrais)

- Le plateau du Lassithi (cuvette tristoune fameuse pour ses éoliennes, dont il ne reste plus grand' chose, terre de prédilection des touristes russes : surcotée).

- Sitia (je cherche encore ce que l’on peut y faire…)

- Le monastère de Vrondissi, dont le seul intérêt réside dans une fontaine, tronquée par les Turcs.

Á la rigueur

- Matala (à condition d’avoir gardé une bonne dose de second degré et une âme de hippy)

- Mochlos (on en fait vite le tour, mais située entre les détestables Agios Nikolaos et Sitia, donc, par comparaison …)

- Le site de Gournia, sans beaucoup de charme mais le plan des rues pavées est toujours lisible.

Nécessaires

- L’église d’Agios Fanourios

- Le site d’Agia Triada

- Le monastère d’Odiyitria

- Le monastère Toplou

- Etia et Voïla

Inoubliables

- La Panagia Kéra

- Le site de Gortyne

- Le site de Phaistos

- Le site de Lato (merci à J. Lacarrière !)

- Kato Zakros et son palais minoen

- La route de montagne entre Karidi et Zakros

- La route de montagne du Psiloritis, entre Anogia et le plateau de Nida

Pour nous qui sommes coutumiers des îles hors saison, nous n’étions sans doute pas préparés à une telle fréquentation débridée, début juin (la Crète absorbe à elle seule 40% du tourisme vers la Grèce) : je ressens toujours comme une épine dans ma sandale lorsque je vois écrit, devant les tavernes, un « Willkommen », avec le prix du demi de bière, des menus proposés de prime abord en allemand ou en russe, une serveuse m’accueillir avec un « Guten Tag ». J’ai ressenti en Crète, à l’exception de l’extrémité Est et des villages de montagne, un manque de la Grèce, de tout ce qui fait que j’aime tant ce pays. Nous n’avons pas compris cette course au bétonnage, ces villages de vacances bas de gamme sortis de terre pour entasser les hordes de touristes qui carbonisent toute la journée sur les plages, ces kilomètres de côtes détruites pour un retour sur investissement à court terme, ces décharges en plein air qui ne choquent personne (déjà vu en Sardaigne), cette inaptitude à gérer un environnement de toute beauté, dans des proportions qui me sidèrent. Certes, un certain nombre d’enclaves encore préservées viennent d’être classées Natura 2000, en raison de la fragilité des écosystèmes. C’est heureux mais c’est bien tard.

Joueur de gaïta2 Joueur de bouzouki

DSC00561 Route du Nord16

Conseils de l'Automedon :

Vous allez nécessairement louer une voiture, alors...

1. Pour quelques euros de plus, prenez l’assurance tous risques, parce qu’un simple rétroviseur, déjà, est manifestement vite anéanti, lequel vous coûtera, par défaut, ... au gré du loueur... et même davantage !

2. Vérifiez au départ le niveau d’essence (plus de petites économies en Grèce)...et / mais surtout, le gonflage des pneus :1 bar de pression, comme nous avons pu le constater, rend la conduite et le freinage plutôt incertains...

3. On vous propose de vagues cartes au 1/150 000, voire au 1/200 000ème !, et sans boussole...Précipitez-vous donc à la première bibliothikè pour vous munir d’un précieux guide, Atlas Kritis, au 1/50 000ème(carte découpée en 115 numéros) - Anavasi Digital éditeur - qui vous coûtera certes 23 Euros, mais vous évitera de vous égarer ou de tourner en rond – les panneaux indicateurs, quand ils existent, n’étant pas toujours dans le sens de votre marche... si vous vous aventurez hors des sentiers touristiques, of course.

D’où l’utilité aussi du rétro-viseur, ou d’une assistante attentive...

Ασφαλες ταξιδι !

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