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Le Présent Défini
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27 avril 2014

La Trilogie « Gormenghast », romans de Mervyn Peake

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Titus d’Enfer (Titus Groan, 1946) / Gormenghast (Gormenghast, 1950) / Titus Errant, (Titus Alone, 1959)

Éblouissante traduction de Patrick Reumaux, chapeau bas...

La postérité peut être sacrément injuste dans le tri qu’elle fait des écrivains. Si elle est incapable de les ranger dans le bon tiroir, si ça dépasse, si ça coince, si ça se singularise à outrance, vlan, aux oubliettes de l’histoire littéraire, perte sans profit, voilà ce qui arrive aux singuliers qu’on ne peut mettre au pluriel. Dessinateur, illustrateur des Contes de Grimm, d’Alice au pays des Merveilles, de L’île au trésor, poète, dramaturge et romancier, Mervyn Peake (1911 - 1968), fait figure d’artiste bizarre à peine identifié, même dans son Albion natale. Si l’on sait ce que sa trilogie n’est pas, bien malin celui qui pourrait la définir en deux lignes : trop tardive pour être rattachée au Roman gothique, dont il n’a gardé que le goût pour les châteaux et les ruines, pas assez insolite pour lorgner vers l’Heroic Fantasy, trop réaliste pour s’arrimer au fantastique, trop sombre pour un conte, trop atypique pour devenir une légende... on la présentera comme un long récit imaginaire de 1512 pages et puis c’est tout, je ne me risquerai pas au-delà.

Le lecteur se cramponne comme il le peut à son seul point d’ancrage, le gigantesque, le dantesque château de Gormenghast, berceau héréditaire des Comtes d’Enfer : forteresse inextricable, dédale de pierres extravagant, masse grise démesurée hérissée de tours hirsutes, fantaisie architecturale, construction oppressante et lourde qui incarne les rêves excentriques des 76 Comtes qui se sont succédés dans ces murs, la superbe du château règne sur le roman, loin devant le destin des personnages, les intrigues, les rebondissements. Avant tout dessinateur, Mervyn Peake possède le don merveilleux d’une prose visuelle qui donne vie à son décor : les longues descriptions des différentes ailes du château ne sont jamais rébarbatives ou superfétatoires. Il peut se permettre de nous prendre par la main pour une balade de dix-huit pages sur les toits du château, sans que notre attention faiblisse. Il faut bien avouer que la structure de Gormenghast recèle d’inventions très graphiques, comme ces arbres jaillissant à angle droit de la maçonnerie, suffisamment énormes pour que des personnages s’y promènent comme sur un boulevard et y prennent le thé, ou ces tours circulaires, transformées en bassin par l’eau des pluies, servant de piscine naturelle pour les juments et leurs poulains… Dessinateur mais aussi poète, donc narrateur délicat, adepte de la nuance, de la demi-teinte, de la phrase qui se déroule lentement avec grâce : « accrochant à son col une broche de pierres précieuses, il soupira, et au sein de l’océan tragique de ce soupir se fit entendre le murmure d’une vague moins amère ».

Ce fief austère, trop vaste, humide, vétuste, voire déliquescent, pourri par des pluies diluviennes, est un monde clos, figé, silencieux, vide, d’une incommensurable tristesse. La famille d’Enfer, ses serviteurs, son médecin, forment une galerie de portraits curieux, très imagés. Si au commencement était le verbe, Mervyn Peake donne à ses personnages des noms très évocateurs, pour les croquer d’un simple trait : Craclosse, Lenflure, Finelame, Tombal, Salprune, Grisamer, Brigantin, ces noms caractérisent immédiatement la nature de l’individu. Ils sont saisis sur le vif, par un détail de leur anatomie, un tic de langage, une attitude, une gestuelle, qui résume leur caractère ou leur destin : « Le Dr Salprune sourit, exhibant deux éblouissantes rangées de dents plantées dans ses gencives comme des pierres tombales… le rire du Dr Salprune faisait partie de sa conversation… ce rire évoquait le vent sifflant dans les combles, ou le hennissement du cheval. Ce n’était d’ailleurs pas un rire humoristique, mais un simple accident de conversation… ». Le chef des cuisines, l’énorme Lenflure, entre en scène et harangue ses jeunes marmitons avec un laïus à la saveur toute personnelle : « Venez mes calculs ! Venez mes biliaires ! Écoutez-moi avec attenchion ! Mes chérubins tranchpirants, dites-moi qui je chuis ? Lenflure ! C’est tout ce que chavez mon petit ochéan de trognes ? Chilenche ! Chef de Gormenghast, homme et garchon, chage et fou, choleil et pluie, chable et chiure, cornes et cul, tout cha pluche une pinchée de poivre rouge ! ». Mervyn Peake excelle dans ces représentations réalistes, animées, saisissantes, éminemment drôles, de ses personnages. Avec toujours le détail qui fait mouche : « Irma était étendue de tout son long sur le sol. Elle se contorsionnait comme une anguille qu’on vient de couper en deux et qui garde encore quelques idées personnelles sur les contorsions ».

La trilogie relate l’enfance, l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte de l’héritier de Gormenghast, Titus d’Enfer, au moment où un jeune apprenti des cuisines, Finelame, décide de s’élever dans l’échelle sociale du château, au prix de manigances, de trahisons et de meurtres. Ces deux personnages vont, chacun à leur manière, dynamiter l’ordonnancement du château, ses rites ancestraux, son protocole, sa tradition étouffante qui régissent la vie de ses habitants. Plus que le Comte Tombal d’Enfer, c’est Grisamer, Maître du Rituel, Gardien des documents, qui règne en ces lieux et qui régit, avec l’aide de vieux volumes poussiéreux, l’emploi du temps de la famille : « dans le premier des trois tomes, la date était suivie par la liste précise de tout ce que le comte devait faire minute par minute pendant la journée. Les heures exactes, les vêtements à porter en chaque occasion, les gestes symboliques à accomplir ». Aucun affectif pour les membres de la famille, la Loi de Gormenghast, l’obéissance à la tradition, priment sur les individus : « Aucun membre de la famille en chair et en os n’éveillait en lui la loyauté qu’il éprouvait pour le symbole. Que le grand fleuve sombre de lignée poursuivît indéfiniment son cours, sans jamais sortir du lit de la terre sacrée, était son unique souci ». Nos deux insoumis verront sur les deux premiers volumes leurs destinées se croiser, se combattre, s’opposer dans la conception même de leur mutinerie : Titus d’Enfer cherche à se réaliser hors du château, quand Finelame sème le chaos pour se rendre maître des lieux. Ce combat à l’issue fatale contamine jusqu’au cœur même des pierres, qui suintent devant l’ennemi : « le mal est dans le château… quelque chose a changé… il y a quelqu’un, un ennemi… ce n’est pas un fantôme, la rébellion ne démange pas les fantômes… la malfaisance rode. » Combattant Finelame durant une tempête apocalyptique qui noie le château sous d’incessantes trombes d’eau, Titus sauvera Gormenghast du sinistre arriviste, comme une fin du parcours initiatique, où il laisse, en même temps que les dépouilles des siens, une partie de son innocence. Titus quittera alors sa terre natale pour éprouver cette liberté nouvelle, hanté par la pensée de cet autre monde qui pouvait exister hors de Gormenghast.

Ce dernier opus, qui relate les errances de Titus d’Enfer très loin de chez lui, souffre de l’absence de la forteresse, source première de fascination chez le lecteur. Le monde imaginé par Mervyn Peake ne ressemble à rien de connu, tout en étant vaguement familier, comme une excroissance de pierre sortie de terre, un magma originel aux limites floues, autour duquel tournerait tout l’univers.  « Il n’y a pas d’ailleurs. Tu ne feras que parcourir un cercle, Titus d’Enfer. Il n’y a pas de route, pas un sentier qui ne te ramène à ta demeure. Car tout mène à Gormenghast ».

 

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18 avril 2014

Anatomie de la mélancolie de l'Ouest… Robert Adams

Intro

L’endroit où nous vivons, exposition de Robert Adams

Musée du Jeu de Paume

Jusqu’au 18 mai 2014

Très ardu en ce moment d’éviter le battage, médiatique et ultra-people, des deux expositions Mapplethorpe, qui sévissent au Grand Palais et chez Rodin. Je suis de plus en plus hermétique à la photo composée, aux clichés « regardez, je fais de l’Art ! », à cet artifice qui se concentre davantage sur le cadrage, la lumière, le grain, que sur le sujet.  J’ai donc fui les délires SM et les b…  en érection du New Yorkais, au profit du travail d’un autre américain, Robert Adams, nettement moins racoleur, mais plus en phase avec son époque.

Né en 1937 dans le New Jersey, Robert Adams est un chroniqueur discret et humble de l’Ouest américain : se méfiant du numérique et de ses possibilités infinies de tricotage de la réalité, il reste fidèle à l’argentique, au noir et blanc, à des formats raisonnables (15*15, 15*20) et passe de longues heures enfermé dans sa chambre noire à équilibrer ses tirages. Cette exposition est une sorte de rétrospective, un choix de 270 clichés issus d’une vingtaine de séries, toutes publiées en albums, au long de la carrière du photographe. Sujet de ce demi-siècle de travail, l’homme et son environnement, les stigmates irréversibles de l’empreinte humaine sur une nature longtemps préservée. Et le paradoxe assez inattendu que cette violation d’un monde encore vierge peut produire des images d’une beauté inattendue. Robert Adams ne recherche pas l’esthétique, l’artifice, mais une forme de réconciliation, un réconfort puisé dans la lumière naturelle qui magnifie des images effrayantes. Il est une sorte de pèlerin, arpentant le Colorado, l’Oregon, la Californie, témoin des paysages abîmés, détruits, profanés par l’homme, qui grignote les grands espaces à coup de déforestation et de constructions effrénées. Mais il le fait à hauteur d’homme, humblement, calmement, avec sobriété, sans claironner l’anéantissement programmé ni se poser en moralisateur qui sermonne. Car il sait faire partie de cette humanité irresponsable et complexe, dotée « d’une tragique propension au mal ».  « Je veux avoir de l’espoir si je peux aussi être dans le vrai » Nul besoin de forcer alors le trait pour sensibiliser ses contemporains. Ses photos de Denver (série What we bought), en proie à un développement chaotique de sa banlieue, relève plus du documentaire que de la composition : zones commerciales, lotissements en construction, parc de mobile homes, cafeteria, terrain vague jonché de détritus, tout transpire le vide, l’ennui, les installations bon marché, dans une plaine du Colorado asphyxiée par la main avide de l’homme. « S’agiter frénétiquement n’est pas nécessaire pour explorer le cœur de la vie. »

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Pas étonnant que Robert Adams voue un culte à Edward Hopper, « clef qui permet d’accéder à la sensibilité américaine, à la lumière, à l’espace, à la beauté des lieux inachevés et à la solitude. » Le photographe partage avec le peintre la pureté des lignes, des sujets apparemment insignifiants et la contemplation de la désolation dans le silence.

Adams 1

La série la plus poignante est sans conteste Turning Back, témoignage factuel du saccage de la forêt originelle du comté de Clatsop, en Oregon : larges saignées au bulldozer, collines ratiboisées, paysages désolés, sols jonchés de débris de bois, souches monumentales décapitées, on se demande quels combats effroyables ont ravagé cette forêt primitive avant de comprendre que la cupidité de l’homme est seule responsable. Adams voit d’ailleurs un lien entre « les coupes rases et la guerre », la destruction de milliers d’hectares enseignant une certaine forme de violence gratuite. C’est pourquoi il ne se laisse pas entrainer à célébrer la puissance des hommes et des machines, et à esthétiser le carnage. On croise quantité d’arbres dans les photos de Robert Adams : peupliers noirs, eucalyptus, aulnes, palmiers, car il a fait sienne cette phrase de Virginia Woolf, dans son livre de chevet, Vers le phare : « Et toutes les vies que nous avons vécues, et toutes les vies à venir, sont pleines d’arbres et de feuilles changeantes … ».

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Arbres

5 avril 2014

Théorème de la lumière…Jacques Lacarrière à la galerie Desmos

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Pour tous ceux qui, dans leurs jeunes années, ne connaissaient de la Grèce que L’Été grec, le premier voyage en terre hellène avait forcément quelque chose de décalé ; même si les derniers chapitres ajoutés au livre pour sa réédition nous montraient un Lacarrière tout déconfit par les bouleversements qu’avait connus le pays, lors de son retour en terre promise après une longue parenthèse choisie, nous n’avions pris le pouls de la Grèce qu’au travers des déambulations pédestres d’un jeune homme qui l’avait arpentée à une époque totalement révolue. On avait du mal à raccorder ses récits avec ce que l’on avait sous les yeux, un état moderne et prospère (enfin, pour la prospérité, je parle des années 90…). 

Lacarrière nous a fait goûter la saveur d’un monde disparu, que nous avions un peu tendance à idéaliser, comme une sorte de paradis perdu dont on garde une nostalgie, mal à propos : combien de fois ai-je subi les admonestations de πουλακι μου, me claironnant aux oreilles l’état d’extrême pauvreté de la Grèce qui se relevait alors comme elle le pouvait de la guerre civile et la dureté du régime qui s’est instauré ensuite ? Je faisais à chaque fois profil bas, sachant pertinemment le bien-fondé de ses remarques.

Mais j’ai tout de même couru dans le XIVe, dès que j’ai su que Lacarrière avait aussi joué de son Leica lors de ses pérégrinations et que l’on allait replonger dans la Grèce « d’avant »… Des clichés noirs et blancs, des portraits, la vie des humbles ou des reclus (superbes photos des ermites du mont Athos), des jeux d’ombres de lumière, de cette lumière coupante qui aplatit les reliefs, « un pays, en somme, où la rigueur janséniste de la chaux s’opposait aux vertiges de l’ombre, un pays presque inhumain tant il devient austère ». « Ces lieux nus et brûlants avec leurs arêtes vives et leurs surfaces arasées évoquent pour moi les vieilles géométries d’Euclide et de Thalès. C’est d’ailleurs ici qu’elles sont nées, dans ce pays géométrique où le soleil joue aux mathématiques avec l’ombre. »

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Photographies de Jacques Lacarrière - "Ombre et lumière"

Librairie-galerie Desmos

14 rue Vandamme – 75014 PARIS

Jusqu’au 13 avril / 15 heures – 19 heures

Métro Edgar Quinet ou Gaité

1 avril 2014

Scoop Me a Cookie... laissez le chocolat agir...

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Fleurissent depuis une poignée d’années dans Paris des lieux mono-produit, suivant les glorieuses traces de Pierre Hermé et de ses macarons ; sillonner Paris en diagonale pour une denrée unique est devenu mode, tendance, qu’il s’agisse de mozzarella (Mmmozza), de chou pâtissier (La Maison du chou, Popelini, Odette…), du cup cake (Berko, Chloé S, Scarlett’s Bakery, Miss Cupcake…), de l’éclair (Éclair de génie), des angels cakes (Ciel)… c’est un filon, un concept marketing, déclinable à l’infini, mais aussi un peu sclérosant. J’aime entrer dans une pâtisserie sans idée préconçue sur ce que je vais déguster, j’aime être surprise, séduite par l’inventivité du créateur qui laisse libre cours à son imagination. C’est pourquoi, j’ai longtemps laissé ces maniaques à leur monomanie, jusqu’à un sérieux accroc dans cette ligne de conduite.

« Hâtons-nous de succomber à la tentation avant qu’elle ne s’éloigne », prônait déjà Épicure en son temps. Respectant les principes frappés au coin du bon sens des philosophes grecs, surtout lorsqu’ils m’arrangent, j’ai donc mis gaillardement en pratique cette consigne en succombant aux cookies de Scoop Me a Cookie. Si je déteste les moelleux, les mi-cuits, les fondants et autres dégoulinants machins prémâchés sans tenue, je me délecte des vrais biscuits au chocolat. Les cookies made in US ont d’unique leur extravagance, qui confine au scandaleux : c’est le dessert régressif par excellence, bien épais, dodu, ultra-riche, croustillant sur les bords, tendre au milieu, hérissé de pépites de chocolat, de fruits secs, de caramel. Le cookie a de la tenue, une dimension, une densité de vraie pâtisserie et se décline en mille variations.

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Laura Petit concocte ses cookies depuis 2010, se fait connaître d’abord sur le net et dans quelques points de vente, avant de lancer sa propre boutique dans le 11ème, depuis janvier. Le lieu est un peu exigu (4 petites places pour déguster sur place et c’est tout) mais l’accueil est extrêmement chaleureux. On y trouve des whoopies (pas testés, je n’en suis pas une grande fan) et des cookies donc, des créations uniques aux noms rigolos, concoctées à partir d’excellentes matières premières. Impossible de tout tester, mais vous pouvez commander des mini-biscuits pour varier les saveurs.

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Mon préféré est sans conteste « Give me more », au gianduja et noisettes du Piémont caramélisées, suivi par « Je veux un câlin », au chocolat au lait et fleur de sel. Ces cookies ont presque quelque chose d’indécent (genre plaisir solitaire pour adulte averti) tant leurs goûts sont puissants, bien marqués : certains d’entre eux sont travaillés à partir d’une pâte au chocolat noir Valrhona à forte concentration de cacao et les papilles en sont toutes secouées ; on est très très loin de la platitude des produits industriels.

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Pour les gastronomes en culottes courtes, et les grands aussi, Laura Petit propose des saveurs plus douces, tels les cookies incrustés de Schokobons, de barre Kinder Maxi ou de beurre de cacahuète. Je suis arrivée tôt, à l’heure où les cookies sortaient du four… un ravissement pour l’odorat mais tous n’étaient pas encore disponibles : je reviendrai dans pas longtemps pour goûter ceux préparés au thé Matcha. Pas de crainte pour la ligne, un cookie est largement suffisant pour le goûter (3.50 ou 3.90 euros le cookie au choix), impossible d'en manger un second tant le biscuit est généreux. Le bon plan, en acheter plusieurs, couper en quatre et partager entre amateurs !

Le site, c’est ici : http://www.scoopmeacookie.com/fr/

Le shop, c’est là : http://www.scoopmeacookie.com/fr/3-cookies#

 5/7 rue Crespin du Gast - 75011 PARIS         Métro Parmentier, Saint Maur ou Ménilmontant

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