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Le Présent Défini
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24 juin 2015

Anniversaires en famille...

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Merci aux habitants de la Yaute 

- pour ce joli week-end au grand air,

- pour le chocolat suisse,

- pour le fromage des alpages (déjà plus de « crayeuse », c’est la cata !),

- pour le délicieux repas au bord du lac,

- pour l’ambiance relax,

- pour les bonnes ondes des deux champions.

Bisous tout plein !!

anniversaire (28)

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17 juin 2015

Lesbos - Monastères des plaines et des hauteurs

Sur une île qui s’affale copieusement sur la mer, les monastères, les kastros, les sites archéologiques et les jolies chapelles sont légion, du moins sur le papier. Á moult reprises, nous avons dû déchanter en trouvant portes closes : crise économique qui s’éternise oblige, le Ministère de la Culture n’a plus les moyens d’assurer les salaires des gardiens, d’entretenir les sites, encore moins de rénover. C’est assez rageant, surtout lorsque des guides grecs vieux d’une dizaine d’années nous mettent l’eau à la bouche et que nous faisons chou blanc.

Si nombre de chapelles dérobent désormais leurs fresques à nos regards, les monastères s’ouvrent heureusement encore aux visiteurs.

Sur la route qui traverse la région la plus sèche, les collines les plus déplumées, la végétation la plus rachitique – l’Ouest donc, volcanique et stérile –, on se heurte au mont Ordymnos, au sommet duquel, tel un nid d’aigle, se dresse le monastère d’Ypsilou (υψηλος = haut, élevé) ; ce Neuschwanstein local est une lourde citadelle de pierres et de briques, flanquée d’un mur d’enceinte avec tour carrée à créneaux, lieu idéal pour échapper aux oppresseurs de tous poils et mettre à l’abri les habitants.

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Le lieu, consacré à Ayios Ioannis Théologos Evanguélistis, aurait été fondé entre 800 et 1100, sans doute par un moine revenu de Syrie. On doit ce vide d’archives historiques à l’occupation ottomane (Lesbos est ravie aux Gênois en 1462), qui a fait table rase des manuscrits, des objets précieux et des moines. Le monastère sera reconstruit au XVIème siècle, les peintures de l’église, attribuées à un iconographe crétois, datent elles de 1684. Aujourd’hui, une poignée de moines (un peu rugueux…) vit toujours sur ces hauteurs étrillées par le vent, entretenant de jolis bâtiments bordés d’arcades. Un petit musée est ouvert, qui abrite de vieux écrits, des encycliques, des icônes, des bois peints et des vêtements liturgiques. De la terrasse au-dessus du musée, la vue jusqu’à la mer est absolument phénoménale par grand beau.

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Vers la fôret pétrifiée

 

Ce petit bastion austère, rude, esseulé – mais qui pour moi possède un charme fou –, est à l’opposé du vaste monastère Limonos (à quelques kilomètres de Kalloni), riche, puissant et même un peu arrogant. Il est confortablement posé sur une prairie (λειμων), ses bâtiments, imposants par leur taille, ceints d’un mur protecteur. Son influence déborde de cette limite car les champs qui l’entourent, sur une surface impressionnante, sont piqués de chapelles, de petits oratoires, ronds comme des champignons.

Agios Limonos

 Agios Limonos

Le monastère a été fondé en 1526 par Saint Ignace et a abrité durant la domination ottomane un important centre de résistance culturelle. Son histoire, le culte voué au Saint, sa collection d’objets religieux d’une haute valeur (financière autant que spirituelle), sa bibliothèque, son prestige, son autorité, font de lui un des plus importants monastères grecs, toujours en activité. Il est célèbre pour la beauté de l’iconostase de son église, en bois sculpté recouvert d’or et ses fresques. Je suis incapable de vous dire si cette réputation est usurpée ou non, car il est interdit aux femmes de sortir des arcades du cloître et de pénétrer, non seulement dans l’église mais aussi dans la cour. Inutile de préciser que cette ségrégation sexiste d’un autre âge me consterne et que j’ai un peu de mal à concevoir au XXIème siècle, surtout sur l’île de Sappho, cette défiance réactionnaire envers les femmes. Ma moitié qui, lui, était le bienvenu, m’a toutefois confirmé la splendeur certaine de l’église – avec un petit sourire railleur devant mon ébullition mal contenue…

Agios Limonos

 

On visite tout le reste du domaine, des entrepôts d’huile aux cuisines (tiens, là, les femmes sont acceptées !), en passant par les cellules des moines et celle reconstituée du Saint. Les passerelles en bois, sur trois étages, sont un peu bringuebalantes, faire très attention si vous y venez avec de jeunes enfants. Les jardins sont magnifiques, il faut le reconnaître, et l’ensemble, bien entretenu, dégage une atmosphère sereine, paisible, comme ces paons qui se promènent entre les visiteurs.

Agios Limonos  Agios Limonos

Agios Limonos  Agios Limonos

 

Enfin, près du village de Mantamados, tout à l’Est, un petit monastère qui ne paie pas de mine, se trouve être un haut lieu de pèlerinage ; le monastère des Taxiarques (des Archanges) renferme une icône de Saint Michel considérée comme "miraculeuse". Des pirates sarrasins auraient attaqué le monastère et massacré tous les moines à l’exception d’un seul novice, protégé par une vision de l’Archange Michel. Le jeune moine aurait mélangé le sang de ses condisciples à de l’argile, pour sculpter son protecteur et rendre ainsi grâce à l’intervention divine. Depuis 1776, la tête est présentée dans une vitrine ornementée, au pied de laquelle on dépose des souliers en métal, en hommage aux pas de l’archange, qui les chausse pour exaucer les prières des croyants et « se battre pour le Sauveur ». La ferveur sincère qui entoure l’icône en dit long sur la foi orthodoxe... 

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Dans ce monastère aussi, faute de preuves historiques, la date de fondation reste des plus floues : byzantin pour les uns, plus tardif pour les autres, abîmé par les ottomans, reconstruit au XVIIIème et au XIXème, le lieu n’a en lui même pas vraiment d’intérêt ; mais on y passe un agréable moment lorsque des pèlerins grecs débarquent, papotent avec le pope et échangent avec les touristes. 

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10 juin 2015

Lesbos - De part et d'autre de Molyvos...

Lorsque l’on arrive de Mytilène ville, la route intérieure rejoint la côte Nord au niveau de Pétra. Ce tout petit village couché autour d’une baie est un avant-goût de Molyvos, une mise en bouche, un amuse-gueule. Nulle forteresse byzantine sur les hauteurs mais une chapelle perchée sur un rocher, la glycine recouvre également les coquettes rues piétonnes, même plaisir de l’oisiveté et de l’indolence sur la placette où il fait bon vivre, le tout dans un mouchoir de poche. Une plage aussi, tarte, de sable grisâtre grossier, où l’on n’a aucune envie de mettre les pieds.

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Pétra tire donc son patronyme de ce rocher imposant (40 mètres) au sommet duquel est posé la Glykofiloussa Panagia (la Vierge-aux-doux-baisers), construite en 1747, sur les ruines d’une chapelle de 1609. Les 114 marches taillées dans le rocher se montent facilement et la vue dominante sur la baie est bien évidemment magnifique. L’intérieur de l’église à trois nefs n’est pas très intéressant, mais les locaux semblent rendre un véritable culte à l’icône de la Vierge, chargée d’ex-voto : selon la légende, une tempête amena dans la baie de Petra un navire ; son capitaine, qui ne se départait jamais de son icône de la Vierge, fut incapable de remettre la main sur elle. L’icône avait trouvé place en haut du rocher, où elle souhaitait demeurer. Il la ramena dans son bateau, elle disparut de nouveau. La capitaine se plia aux exigences de la Sainte et lui construisit alors une chapelle pour respecter ses vœux.

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Sur le chemin qui mène de la mignonette place centrale de Pétra à la Glykofiloussa, on passe presque sans la voir devant l’église d’Agios Nikolaos, aussi discrète que la Panagia en impose, de toute sa hauteur. Le bâtiment bas à nef unique, restauré en 2011, possède de très belles fresques, de deux époques différentes : la couche picturale antérieure daterait du XVIe siècle, la seconde couche de 1721 selon une inscription. La modestie des lieux, sa petitesse, sa pénombre perpétuelle, la rendent beaucoup attachante et plus appropriée au recueillement que sa proéminente rivale.

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Toujours en bas dans le village, sur la droite, on peut visiter la Maison Vareltzidéna, une demeure de maître (archontiko) du XVIIIe siècle, témoin de la richesse des propriétaires terriens. Le rez-de-chaussée, carrossé de pierres bien lourdes, servait à stocker vins et huiles, tandis que l’étage, léger, en encorbellement, fait de plâtre et de bois, accueillait la famille. L’influence ottomane est visible dans l’agencement des pièces autour d’une grande salle de réception, les peintures murales, les plafonds, le peu de mobilier. La maison est élégante, délicate et raffinée. Restaurée en 2000, elle est un très beau témoignage d’une architecture  que l’on retrouve dans les Balkans et en Asie Mineure.  

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Á l’opposée de Pétra, à droite de Molyvos, que l’on suive les sept kilomètres de piste le long de la mer ou la route intérieure, on arrive à Skala Sykaminias, après avoir dépassé la plage d’Eftalou, elle aussi, peu engageante. Skala Sykaminias est un port de pêche en miniature, flanqué d’une gracieuse chapelle juchée sur un écueil sorti des flots. Pas d’ostentation, de m’as-tu-vu dans ce lieu, c’est coquet, joliet, presque trop, avec cette barque peinturlurée de bleu azur. Je reste un peu hermétique à ce port de poupée, car il manque de vie et de justesse ; autant le port de Molyvos (oui, encore, je sais…) sent le sel, le poisson, le verbe haut, quelque chose de vrai et de spontané, autant Skala Sykaminias est lisse, vernis, trop bien proportionné. Pour faire simple, c’est sage, mignon et touristique en diable.

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4 juin 2015

Lesbos - Parce qu'il est difficile de ne pas s'enticher de Molyvos...

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Tous les lecteurs des Chroniques de San Francisco, et de son sixième tome Bye-bye Barbary Lane, connaissent Molyvos, où du moins la perception qu'en avait Armistead Maupin dans les années 1980, c'est-à-dire une vision très personnelle et très orientée. On ne retrouve rien aujourd'hui des provocations de l'écrivain dans l'attitude des visiteurs et des locaux, mais les descriptions de la beauté de Molyvos restent toujours respectueuses de la réalité.

Je peste fréquemment contre les restaurations de villages trop léchées, trop jolies, qui transforment le lieu en un décor factice qui hurle son artifice (exemple type de Mesta, à Chios). Or, Molyvos a beau avoir été entièrement retapé par un riche mécène dans les années 1960, le village dégage toujours une véracité palpable. Tout sonne juste parce que tout est beau. De loin, on aperçoit d'abord sa forteresse byzantine bâtie au sommet d'une colline, d'où dégringolent des maisons de pierre coiffées de tuiles, serrées les unes contre les autres. Si on reste en bas, par la route qui longe la mer, on arrive sur le petit port, croquignolet, absolument irrésistible : une vraie carte postale.

Molivos 

Molivos

Les marins de Molyvos sont des pirates...

Au XIVe siècle, les Gênois débaptiseront le village, qui répondait alors au nom de "Mithymna" pour lui donner celui de "Molyvos", qui serait la contraction du français "Mont d'Olives". Les deux noms sont utilisés depuis cette époque, même si à compter du rattachement de Lesbos à la Grèce en 1912, c'est officiellement l'appellation Mithymna qui fait foi (sur le dépliant touristique de la ville, le nom de Molyvos n'a pas droit de cité).

Si vous souhaitez rapporter des souvenirs, des objets, des douceurs, des herbes de Lesbos, délaissez les boutiques des venelles hautes, au profit de la Coopérative agricole des femmes, qui se trouve en bas de la ville, sur la rue qui mène au port. La qualité n'en sera que meilleure (leurs petits gâteaux sont absolument délicieux), et vous soutiendrez une jolie initiative. Pas de belle plage à Molyvos (oserais-je dire, pas de vraies belles plages de sable fin et blond à Lesbos ? Ben oui.), nous nous sommes donc rabattus sur Anaxos, à une dizaine de kilomètres à l'ouest ; une taverne et quelques cafés bordent une étroite plage de sable rugueux passable, mais comme nous n'y venons que pour nous baigner, nous n'en demandons pas plus.

Les habitants ont manifestement compris qu'il ne fallait rien dénaturer pour ne pas se vendre au tourisme de masse et aucune place n'est faite pour des constructions nouvelles. On se sent à Molyvos comme dans un écrin de pierre, protégé, un peu hors du temps – si vous êtes autant que moi sensible à son charme, bien entendu. Le village est piéton, on flâne le nez en l'air, l'œil captivé par mille détails (portes, ornements, fontaines, fleurs), à l'abri sous la glycine qui couvre les ruelles escarpées. Évidemment, il y a bien les marchands du temple sur le tracé principal, qui tentent d'attirer le chaland, mais en mai, ça reste très supportable. Il suffit de toute façon de monter plus haut, toujours plus haut et de profiter du panorama qui se dessine. On peut ensuite pousser jusqu'au kastro bien trapu, qui protégeait la passe étroite entre Lesbos et l'Asie mineure. Sa visite ne vous laissera pas un souvenir mémorable, mais la vue plongeante est fabuleuse. Cette forteresse en ruine a aussi été rafraîchie en 2007 et on peut se balader sur son chemin de ronde, entre de puissantes tours. Les Byzantins, les Gênois, les Turcs ensuite l'ont préservée, agrandie, améliorée. Le soir, elle s'illumine et semble veiller sur les habitants du lieu. Molyvos réussit le tour de force d'offrir une enclave harmonieuse, esthétique, polie sans être fade, cohérente sans être ennuyeuse, car elle mêle la rudesse et la force de la pierre séculaire aux variations douces de la mer et aux possibilités du large...

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Molivos

 

 

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