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Le Présent Défini
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26 juillet 2015

Karaghiozis pour les néophytes ou les curieux - le Melina Culturel Center d'Athènes

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Le personnage incontournable du théâtre turc et grec n'est pas le premier rendez-vous prévu lorsque l'on se rend à Athènes, c'est un fait. L'Acropole, les musées, l'agora, Plaka, le Lycabette, les îles saroniques toutes proches, Nauplie à un saut de bus... les jours défilent vite, surtout lors d'une première visite. Même lorsque l'on devient familiers des lieux, on se surprend à faire et à refaire les mêmes parcours, comme on viendrait rendre visite à un ami pour connaître son humeur du moment : en somme, on fait le tour du propriétaire, en fulminant si nos repères et nos habitudes sont bousculés (comme le bâchage tout vilain et inopiné de la Tour des Vents de l'agora romaine, - passage obligé sur le chemin de chaque premier apéro athénien sur Adrianou -, qui nous a laissé bien perplexes et  chiffonnés).

Mais on fait aussi la danse de la joie quand on tombe sur un endroit encore inexploré, surtout lorsqu'il satisfait une de nos marottes. Entre Thissio et Gazi, une ancienne fabrique de chapeaux abrite le Melina Culturel Center, qui consacre son rez-de-chaussée au théâtre d'ombres et de marionnettes. Plus mal balisé, on ne fait pas, aucun panneau ne l'indique lorsque l'on arrive de la station de métro Keramikos ; heureusement que les gens du coin sont bien urbains.

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Ma moitié visite en familier les théâtres d'ombres d'ici et d'ailleurs, pille sur le sujet les rayons de la librairie Politeia* à chaque voyage et m'entraîne à sa suite dans tous les lieux qui pourraient éclairer ses lanternes sur le Karaghiozis, à la fois personnage et genre à part entière. Il arrive que nous fassions chou blanc (musée ou théâtre privé fermé) mais aussi que la grâce nous tombe dessus. C'est un peu ce qui c'est passé quand nous avons poussé les portes du Melina Culturel Center à la recherche de la figure emblématique du "Guignol" grec ;  la famille Charidimos a légué au centre tout son matériel de conception, de création, de représentation de ce théâtre populaire très insolent, qui fait rire tous les Grecs, du bambin aux têtes chenues. Les figurines plates, articulées, sont manipulées derrière un écran éclairé par un "montreur d'ombres", avec grand renfort de bruitages variés et de textes improvisés. Les histoires s'inspirent autant de la mythologie, de la vie quotidienne des Grecs que de l'actualité politique et sociale. Si Karaghiozis reste un pauvre bougre toujours affamé, lesté d'enfants, manœuvrant avec habilité et fourberie pour triompher des puissants, il est aussi un infatigable vecteur de résistance à toutes les oppressions ; ce qui, vu les occupants de la Grèce, d'hier et d'aujourd'hui, explique sans doute son irréductible popularité.

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La famille Charidimos** met donc sous le regard des visiteurs un fond de 900 pièces, autour du travail des trois membres actifs du clan, outils, matériaux (papier, carton, cuir, métal....), décors peints sur toile, techniques (pantins ciselés ou peints) mais aussi une kyrielle de personnages, de photos, d'images d'archives. Les deux demoiselles qui vous accueillent tout sourire, vous aident (en anglais) à mieux appréhender cette profusion et à vous y retrouver dans l'évolution des procédés et du métier en lui-même.

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Au moment de quitter le musée, nous sommes tombés nez-à-nez avec Sotiris Charidimos en personne, dernier "dessinateur/graphiste" de personnages du théâtre d'ombres. L'homme est très accessible, avenant, accueillant, jusqu'à nous ouvrir son espace privé de travail. Nous resterons sidérés devant cette bienveillance et une simplicité manifeste. Nous aurons même droit à un découpage original d'un Karaghiozis à main levée, effectué avec une virtuosité prodigieuse.

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Ce lieu est entièrement libre d'accès, pour garder l'esprit du théâtre populaire, ouvert à tous. La ville d'Athènes ne voit pas cette gratuité d'un bon œil et n'aide en rien le musée à se faire connaître, puisqu'il ne rapporte pas grand' chose, au seul point de vue pécuniaire. C'est bien dommage.  Si vous passez par Athènes, si vous êtes blogueur, fidèle des réseaux sociaux, prof, journaliste ou simple curieux, donnez un petit coup de main au musée en faisant de lui le nouvel endroit incontournable d'Athènes, pour cerner un peu mieux l'âme grecque par son théâtre d'ombres. Le quartier de Gazi, branché et fêtard vaut déjà le détour ; il aura désormais son alibi culturel.

Melina Culturel Center, à l'angle de Heraklidon et de Thessalonikis, station Keramikos / Ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h, 14h le samedi. Le Routard le mentionne enfin...

* librairie sur Asklipiou, à côté d'Akadimias (station Panepistimio)

** Sotiris Charidimos, toujours bien vaillant (né en 1941) est le fils du "montreur d'ombres" du Pirée Christos Charidimos (1895 - 1970) et frère de Giorgos Charidimos (1924 - 1996), lui aussi "montreur d'ombres".

 

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19 juillet 2015

Lesbos - un peu plus à l’Est

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C’est peu dire que nous n’avons pas du tout accroché avec Mytilène-ville. Pourtant, on ne peut pas nier qu’elle abrite de bien jolies maisons néoclassiques, une belle lumière quand tombe le jour, un port plein de vie, de remarquables mosaïques au nouveau musée archéologique, mais non, rien à faire, cette cité de 30 000 habitants est horripilante : trop grande, excessivement bruyante, mal pensée, pas pratique, brouillonne, décousue. En voiture, c’est un cauchemar, à pied, une purge ! Des voitures dans tous les sens, des scooters téméraires, voire inconséquents, des taxis psychopathes qui ignorent tout du code de la route, cette ville est le règne des dangereux sans-gêne sur roues. Impossible de flâner, de prendre son temps, de lever le museau, le tintamarre des klaxons vous accompagne partout. Seule solution, sortir de la ville jusqu’au kastro et l’ancien port, pour respirer un peu et mettre ses tympans au repos.

Nous avons donc totalement délaissé Mytilène-ville et ses alentours, pour suivre immédiatement la route de la côte qui remonte jusqu’à Mandamatos. Premier arrêt pour Moria, dont le seul nom fait rêver tous les familiers de la Terre du Milieu. Nulles mines pourtant à la sortie du petit village tranquille, nuls nains armés de hache, mais un très bel aqueduc romain (bâti entre le II et le IIIe pour alimenter la cité de Mytilène), qui enjambe une vallée d’oliviers et de lauriers-roses. L’ouvrage, conçu pour une importante quantité d’eau qui dévalait depuis le Mont Olymbos (source proche d’Agiassos), est encore debout sur 170 mètres. Une seule ouverture entre deux colonnes possède encore ses trois arches empilées mais l’ouvrage, en restauration, a encore vraiment fière allure. Haut de 27 mètres, construit en marbre gris, il reste imposant, presque majestueux dans le silence absolu du site.

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Plus loin, toujours en longeant la mer, on tombe sur Thermi, un ensemble de trois villages (Pyrgi Thermis, Paralia Thermis et Loutropoli Thermis), qui demande une bonne demi-journée de visite : le vieux village de Pyrgi doit son nom aux demeures fortifiées construites par les Turcs et les riches habitants de Mytilène-ville, des "tours-habitations" dotées de murs de pierre et de balcons. Très peu sont aujourd'hui visibles, alors nous avons doucement poussé le portail d'une maison privée bien restaurée pour en admirer l'architecture, sans que son propriétaire nous cherche des noises.

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Thermi abrite aussi un site archéologique fouillé dans les années 1930 par une Américaine, Winifred Lamb, qui mit au jour les preuves de cinq implantations successives, entre 3200 et 2400 av J.-C. Le lieu fut abandonné vers 1200 av J.-C. après un gigantesque incendie. Les excavations en strates, les poteries, les foyers,  les outils, les matériaux, relient les différentes couches avec les trois civilisations de l'âge de bronze : civilisation d'abord cycladique, minoenne puis enfin mycénienne. Si les vestiges sont aujourd'hui peu lisibles, on comprend mieux l'enchaînement des constructions grâce au film pédagogique que l'on peut voir à l'entrée du site. Pourquoi cette présence humaine ininterrompue sur une si longue période ? 

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Les inscriptions retrouvées, les éléments architecturaux, les bâtiments religieux dispersés tout autour du lieu témoignent de l'importance de cette ville plusieurs fois reconstruite comme centre religieux et thérapeutique. La présence d'un temple dédié à Artémis, protectrice des sources, n'est pas une coïncidence à... Thermi. La région regorge de sources thermales riches d'une eau chargée en fer, souveraine pour une palanquée de maux. Si beaucoup de bains sont aujourd'hui fermés, on tombe presque sans le vouloir sur des restes d'anciennes installations, des citernes, de vieilles canalisations, dès que l'on tourne la tête.

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Nous avons surtout passé un long moment à fureter dans l’ancien hôtel Sarlitza Pallas de Loutropoli Thermis, vieux complexe de cure construit en 1909, aujourd’hui agonisant dans une nature qui a repris ses droits. Imaginez le Grand Hôtel des Bains du Lido pour le standing et le prestige, expirant, érodé et déliquescent. Le nom du palace est turc, comme l’était son premier propriétaire (sari = jaune, litza = eau curative) - on remarque en effet que les bassins où l’on faisait trempette ont gardé des traces jaunes orangées des eaux chaudes ferrugineuses. Pendant une trentaine d’années, l’hôtel, passé dans des mains grecques, attire les riches curistes européens (têtes couronnées, prélats, célébrités…) jusqu’aux prémices de la Seconde Guerre mondiale, qui renvoient tout ce beau monde à d’autres priorités. Définitivement fermé en 1970, le Sarlitza Pallas devait bénéficier de travaux de réhabilitation, avant que le pays ne soit asphyxié par les plans de relance. 

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Les jardins, les bâtiments de cure, l’hôtel en lui-même sont laissés en l’état (ne surtout pas rentrer dans la construction principale avec des enfants, les parquets sont croulants, les escaliers brinquebalants…) et on se balade dans cette splendeur déchue avec un brin de nostalgie, une sorte de mélancolie diffuse pour ce qui n’est plus mais qui a fait les grandes heures de l’île de Lesbos.

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8 juillet 2015

Lesbos - La boucle du Sud, carrément frustrante.

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Le triangle méridional de l’île est étranglé à son sommet par deux golfes aux eaux placides, qui délimitent une région sereine, tranquille, autour du Mont Olymbos.  L’Est du golfe de Kalloni abrite des marais salants et une réserve ornithologique classée Natura 2000, qui drainent en ce début mai une foule de connaisseurs, armés de leurs seuls téléobjectifs. C’est une des rares îles visitées qui bénéficie d’un tourisme vert, respectueux des sites naturels, où l’on dédaigne la bronzette au profit de longues heures passées à scruter les bêtes à plumes. Nous croiserons souvent dans les tavernes du Sud ces groupes de Hollandais et d’Allemands enthousiastes, toqués d’oiseaux, drapés de vert, encombrés d’un lourd matériel.

De Kalloni, nous sommes descendus vers Agiassos, village traditionnel vanté par tous les guides, construit en amphithéâtre sur un des versant d’Olymbos : maisons imbriquées, serrées pour se tenir d’aplomb, toits de tuiles rouges, façades colorées, ruelles pavées escarpées, impasses soudaines, escaliers raides, inclinaison très marquée, Agiassos semble vraiment dégringoler sur toute la pente. Mon sens de l’orientation en coma dépassé, m’a amenée à tourner en rond durant 20 minutes dans ce labyrinthe, avant de me résoudre à demander mon chemin (pendant que J-P, plus doué pour se repérer par rapport au soleil, m’attendait goguenard devant un ouzo bien frais). Surtout, ne commettez pas l’erreur de vouloir vous engager dans ces étroits boyaux qui servent de rues avec votre voiture, traquenard dédaléen à sens unique assuré.

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Au bas du village, se regroupent les cafés, les tavernes, les boutiques de bois sculptées, un petit marché. Nous avons été absolument hermétiques au charme frelaté du lieu, beaucoup trop attrape-nigauds pour nous (Poulaki mou trouvera bizarre de rester insensible au charme d’Agiassos quand je pare Molyvos, beaucoup plus touristique, de toutes les vertus, mais c’est ainsi). Une église du XIIè, très chargée, renferme là aussi une icone "miraculeuse", objet d’un culte toujours actif chez les locaux.

Bref, nous avons quitté Agiassos insatisfaits, un peu frustrés, rattrapant la route qui longe le golfe de Yera. Le rivage du golfe est on ne peut plus paisible, bordé de roseaux et de cyprès, ponctué de petits ports endormis où clapotent quelques barques de pêche. On continue jusqu’à Pérama, ancien centre "industriel", doté de hangars désaffectés, d’usines silencieuses et de cheminées assoupies. Rien de sinistre, les bâtiments s’effacent doucement.

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La route vire vers l’intérieur et on traverse ensuite de jolis villages tout simples, en longeant une rivière ombragée de platanes, avant d’arriver à Trygonas. De là, cap sur Agios Isidoros, à quelques kilomètres de Plomari, où nous logeons au bord d’une plage plus avenante que de coutume à Lesbos.

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Le petit village d’Agios Isidoros n’a en lui-même aucun intérêt majeur, pas même une bonne taverne ouverte en ce début de saison, si ce n’est son emplacement les pieds dans l’eau et notre lieu de villégiature "Pano sto kima". Je reviendrai longuement sur Plomari, tant ce gros bourg s’est révélé un coup de cœur, bien inattendu, de cette côte Sud.

Passé Plomari, en suivant la route de la mer, on atteint Melinda, tout petit village de poupées, caché au creux d’une crique de galets. Quelques tavernes, une poignées de chambres à louer, une mer plus nerveuse, des embruns et du vent, un lieu retiré mais en rien délaissé, où se retrouvent chaque année les mêmes amoureux du silence et de l’isolement. Rien de dénaturé, de ripoliné pour les touristes, c’est brut de décoffrage.

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La route qui quitte Melinda se perd ensuite dans la montagne, asphaltée d’abord puis simple piste, praticable à vitesse raisonnable. On ne croise pas foule sur ce versant du mont Olymbos, silencieux et rugueux. On peut ensuite, partir vers Vatera, station balnéaire pas très engageante mais dotée d’une vraie longue plage de sable, qui conviendra aux familles avec enfants. Le lieu est tout de même décentré et sans charme, plat et monotone. Nous avons tenté de remonter par Polichnitos, puis jusqu’à Nifida (la pointe la plus à l’Ouest de cette côte Sud) mais nous n’y avons rien trouvé pour nous enthousiasmer. En fait, passé Mélinda, le paysage devient étonnamment quelconque, les villages sans identité, le bord de mer piteux. Il s’agit de la seule partie de l’île qui nous semble dénuée de saveur, de consistance. Il faudra donc privilégier l’Est de cette côte Sud, qui permet aussi de rayonner vers Mytilène-ville, Moria, Thermis et les sites archéologiques de l’île. 

 

1 juillet 2015

Lesbos - La route de l'Ouest

La boucle que nous avons effectuée vers la partie Ouest de Lesbos requiert une vraie grosse journée bien chargée, à condition de faire l’impasse sur l’étape baignade ; sinon, prévoir une halte nocturne à Sigri ou Skala Eressou.

Départ à la fraîche du port de Molyvos, arrêt pour un deuxième, voire troisième café à Pétra (il est toujours pour nous impossible de nous lancer sur les routes sans ce petit rebond caféiné, nécessaire pour s’extirper de dessous la glycine, sans trop de flemme) et direction Vatoussa, puis Antissa, villages traditionnels* de l’intérieur des terres. Le paysage change doucement, il se déshydrate, les arbres haut-perchés disparaissent au profit des broussailles, des arbustes, d’un maquis de plantes odorantes qui libèrent toute leur puissance olfactive sous la chaleur. Le vert foncé et les tapis de fleurs jaune pétant, font place à l’ocre, au vert amande, à des teintes décolorées par le soleil. Cette région de Lesbos, volcanique, pierreuse, âpre, abrite des villages séculaires au pied des « montagnes » : mêmes maisons aux tuiles rouges, même silence, même placette lovée sous les platanes, mêmes ruelles qui grimpent, mêmes mamies taiseuses, mêmes tavernes d’un autre âge, une Grèce prodigieusement éloignée des Santorins frelatés et consorts…  

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Á Antissa, on peut partir sur la droite vers Gavvathas, une des rares plages de l’île digne de ce nom. Mais nous préférons visiter le monastère d’Ypsilou, et prendre un peu de temps dans les collines rocheuses pour admirer le paysage rocailleux, qui me rappelle un peu la pointe Est de la Crète. C’est après le monastère que l’on accède à la Forêt pétrifiée, vaste étendue rêche et pelées qui aurait abrité, il y a vingt millions d’années, une forêt subtropicale. Ce patrimoine géologique rare est issu de l’intense activité volcanique de la région ; les éruptions de l’époque ont provoqué d’énormes quantités de lave et de cendres. Les troncs d’arbres pétrifiés, fossilisés, en très bon état, abondent sur un site vaste, en pente douce où il fait bon se promener. Certes, ces souches d’un autre temps sont étonnantes mais elles se ressemblent malgré tout toutes un peu. Et l’on finit par davantage apprécier la balade pour la sérénité de l’endroit, la vue magnifique, le calme et l’odeur de dictame, que pour les troncs fossilisés.

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Surtout qu’on en retrouve tout du long de la route qui mène au port de Sigri, à l’extrème pointe Ouest, petit port tranquille, parfait pour une pause déjeuner. Comme à Molyvos et Mytilène, présence d’un kastro, qui s’écroule un peu faute de moyens pour le restaurer. Nous croiserons un ancien hammam ottoman (le frère jumeau de celui de Tinos), qui, lui aussi, périclite doucement, sans que personne ne semble vouloir en prendre soin. 

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La route descend ensuite vers Eressos, puis Skala Eressou. On retrouve à Eressos les caractéristiques des villages de l’intérieur entourés de collines rocailleuses (maisons de pierre, tuiles rouges...) avant de prendre une bonne bouffée d’embruns dans ce qui serait la ville natale de Sappho. La présence de la poétesse y est fort discrète (quelques statues, toutes plus affreuses les unes que les autres), et la station balnéaire, en mai, tourne au ralenti. Mais la plage est l’une des plus belles de l’île, longue et large, malmenée par une mer tonique et turbulente, qui nous change des eaux apathiques des deux golfes. Les tavernes et les cafés colorés du front de mer alignent des balcons de bois au dessus des eaux, épousant la baie entre deux petits caps.

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Nul besoin d’être une fille qui préfère les filles pour se sentir bien à Skala Eressou ; le lieu dégage de bonnes ondes, une ambiance conviviale, cool et amicale. On s’affale sur des coussins en sirotant un bon cocktail sans voir le temps passer et l’on est tout surpris de voir déjà le soleil se coucher. En remontant vers Molyvos, on se dit qu’il faudrait revenir vers cet Ouest, car nous avons fait l’impasse sur d’autres monastères, d’autres villages, d’autres lieux certainement moins évidents, qui demandent plus d’attention, de fouille et de quête, que cette première prise de contact avec Lesbos. Le sourire béat de ma moitié en dit long ; si demain nous partons vers le Sud, nous reviendrons inévitablement ici arpenter d’autres chemins.

 

* Plusieurs villages importants de Lesbos portent les noms des enfants du roi Macarée, un Pélasgien (donc, un Grec d’avant, un préhellénique), comme Méthymne, Mytilène, Antissa ou Eressos.

 

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