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Le Présent Défini
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23 juillet 2016

Cythère - villages de l'intérieur

Mitata - Potamos - Mylopotamos

 

Contrairement aux îles enlaidies par le béton, Cythère garde, sagement indemnes de nouvelles constructions modernes, ses villages séculaires ; on retape, on préserve, on embellit, on agrémente. Les petites routes sont parsemées de ces hameaux au naturel, où les horloges ne sont pas pressées d’avancer, toujours rythmées par un tempo bien lent. L’île est biffée d’une route Nord-Sud, coupée à angle droit en son milieu par une deuxième, qui part à l’Est vers le port de Diakofti. Ces deux routes très empruntées, très dégradées ne permettent pas de prendre le pouls de Cythère ; préférez nettement les voies secondaires, moins abîmées de fait, qui serpentent entre les genêts, les champs et les oliviers, pour partir à la découverte des villages. Détail qui n’en est pas un, les panneaux de signalisation sont dans un état de délabrement rarement vu ailleurs, une bonne carte s’impose donc.

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Au Sud de l’île, prenez le temps de vous perdre dans deux grappes de lieux-dits, posées des deux côtés de la route principale : rien d’architecturalement renversant certes, mais on roule à vingt à l’heure entre de vieilles fermes imposantes, on découvre des chapelles cachées, des moulins endormis, des ruines vénitiennes et des demeures néo-classiques aux balcons ouvragés, aux entrées voûtées et on s’arrête souvent pour laisser les troupeaux de chèvres et de moutons changer de prés.

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Cette campagne sèche, pauvre, silencieuse, austère, laisse la place en remontant vers le Nord à une végétation de plus en plus luxuriante, le relief se modifiant rapidement : la couleur passe du jaune au vert, le paysage bien lisse se hérisse de gorges, d’à-pics, d’où ruissellent d’importantes cascades. Le village de Mitata, construit au bord d’un plateau, avec à ses pieds une vallée émeraude, est couvert de jardins échelonnés le long des pentes, arrosés naturellement par les nombreuses sources. Ce nom de Mitata vient de το Μιτάτο, qui désigne le lieu où le berger transformait le lait en fromage, construction de pierres que l’on peut toujours rencontrer sur les plateaux crétois. Ce village très boisé, entouré de ravines, est aussi le plus vieux de l’île, déjà mentionné au 12e siècle. Ces vastes maisons anciennes sont construites selon le même plan, entourées d’un mur extérieur, agrémentées de petites cours fleuries comme des patios : stockage de vivres et de bois au rez-de-chaussée, four extérieur, habitation à l’étage pour les plus belles. Le village entretient ces vieilles bâtisses, les repeint de couleurs chaudes, les transforme en chambres d’hôtes pour les faire revivre. Rien de factice toutefois, le village baigne toujours dans son jus.  

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Ces sources abondantes ont donné son nom au plus grand village du Nord, Potamos, carrefour économique et commercial de 350 habitants - la mégalopole de Cythère en quelque sorte ! On y vient le dimanche matin, d’abord pour le marché où se retrouvent les producteurs de l’île (fruits et légumes, miel et fromages) et surtout pour se raconter les dernières nouvelles - et cela prend du temps ! La grand’place du village se partage entre les étals et les terrasses de café qui débordent, accueillant les familles au sens large, les bandes de quadras pipelettes, les papous qui s’écharpent en parlant politique, les yiayias qui potinent ; frappés, ouzo, mezzés, bières, le ballet des serveuses est spectaculaire. Le contraste est vraiment impressionnant entre le niveau sonore dominical et la quiétude du reste de la semaine où il est agréable de se balader dans des rues moins fréquentées ; avec ses belles maisons, ses jolies devantures, ses excellentes pâtisseries et fromageries, Potamos marie une vie de village dynamique avec une forte identité et une tradition de franc-tireur : à l’époque vénitienne, Potamos déjà oppose ses idées "libérales" à l’ordre établi des aristocrates italiens, qui vivent plus au Sud, à Chora. Potamos fut d’ailleurs le berceau du Commandant Panos Koronaios, héros de la lutte pour l’indépendance de la Crète en 1886, et dont la statue orne la place centrale. Le village fut ensuite le siège de l’administration pendant une brève période, en 1917, lorsque, pro-Venizelos, Cythère se déclare "région autonome". Pendant la 2ème Guerre mondiale, c’est Potamos qui abritera évidemment le QG des résistants, invariablement hostile à tous les envahisseurs. *

 

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Troisième incontournable village, l’adorable Mylopotamos, qui ouvre la porte des ruines de Kato Chora : une seule rue où s’échelonnent trois boutiques, une taverne succulente blottie sous des platanes, et le clocher d’Agios Sostis qui égrène les heures. Se développent rapidement une langueur, des gestes au ralenti, une propension à l’indolence dont on a bien du mal à s’extirper. Juste au-dessous de la place, une sorte d’écluse transforme la rivière en retenue d’eau, où les femmes du village lavaient jadis leur linge. Lorsque les pluies d’hiver ont été abondantes évidemment, car cette année, les canards pataugeaient dans trente centimètres d’eau, un peu saumâtre. Pour la même raison, impossible d’apprécier les chutes d’eau et les moulins qui parsèment le coin. Toutefois, ce petit patelin silencieux, lové à l’entrée d’un site de toute beauté, est une halte obligée de la Cythère intacte, immuable, tranquille et hospitalière.

 

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* Potamos possède aussi une très chouette librairie (et une charmante libraire), après le marchand de fromages en montant...  nous y avons déniché au rayon scolaire, une histoire de la mythologie grecque en bandes dessinées truculente.

 

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14 juillet 2016

Un autre été grec

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Avant que la ville brûle  (Στου Χατζηφράγκου - 1962)

Roman de Cosmas Polìtis

Traduction Michel Volkovitch

Éditions Publie.net, 2016

 

 

 Avant propos :

- la lecture est facilitée si on s'est plongé d'ABORD dans la postface du traducteur.

- manque une bonne carte de la ville pour s'y retrouver ; vous la trouverez à la fin de ce post.

 

Ce livre, je viens d’en terminer la quatrième lecture ; rares sont les romans qui supportent les visites prolongées. Mais certains engendrent cette dépendance, ce besoin du retour au texte dont on sait ne pas avoir décelé encore toute la beauté. J’ai fini par comprendre que j’avais affaire à bien plus qu’un simple roman, en me laissant non plus porter par l’histoire, mais par la langue. Cosmas Polìtis fait revivre la cosmopolite ville de Smyrne au printemps 1902, vingt ans avant sa destruction sur le bûcher des vanités et de la folie des hommes : à la fois comme un architecte de la narration et un immense poète.

Jamais explicitement nommée, c’est la ville qui donne sa respiration au roman, c’est elle qui agrège les petits événements du quotidien, qui crée le lien entre les personnages, au fil des saisons, des festivités, des bonheurs et des drames qu’elle traverse. Nulle description verbeuse, plaquée, artificielle ou boursoufflée la concernant, Smyrne est un personnage qui prend le temps de s’installer, subtilement. L’auteur lui consacre les six premiers chapitres plus le neuvième, la faisant revivre au temps de sa splendeur.

Pas vraiment d’intrigue suivie dans ces pages, mais une longue balade pour le lecteur, qui s’accroche aux basques d’un jeune ferblantier, d’un pope, d’un groupe d’élèves en excursion, d’une vieille bigote superstitieuse ou d’un simple d’esprit. La ville se dessine, s’articule, prend forme sous la plume de Cosmas Polìtis, comme un artisan composerait sa marqueterie, pièce après pièce. Pour donner une identité forte à cette cité bigarrée de 300 000 habitants, il place au cœur de son ouvrage le quartier populaire d’Hadzifrágou ; c’est au travers du regard des ouvriers, des mères-courage, des vieilles filles hystériques, des garnements bagarreurs, des instituteurs nostalgiques de la Grande Grèce que lentement émerge Smyrne. Pas pour autant de mélancolie en noir et blanc pour la ville qui l’a vu grandir : Cosmas Polìtis réveille le bruit et la fureur d’un port de commerce, les bals et les théâtres, les senteurs suffocantes des marchés et des épiceries, les fanfares et les chœurs d’enfants, les chameaux porteurs de réglisse et d’opium dans la lumière éclatante des étés du Sud.

Smyrne bouillonne, bourdonne, accueille toutes les nationalités, toutes les croyances, qui cohabitent sans trop de frictions. L’auteur illustre cette universalité qui baigne la ville, posée entre Orient et Occident, par l’amitié qui unit un pope à une famille juive, venue s’installer à Hadzifrágou, peu regardante de la tradition ; « nous avons passé toute notre vie avec des chrétiens, des Grecs. Avec des juifs nous serions comme des étrangers, nous ne connaissons pas leur langue ». Le  dieu que l’on vénère a peu d’importance quand le pope Nikòlas et sior Zacharias ont l’essentiel en commun, la musique, qu’elle se joue sur un oud ou un bouzouki. Le répertoire du musicien juif s’arrange aussi bien des amanés, des psaumes de David que de la musique sacrée revisitée en allegro dansant. De son côté, l’ecclésiastique orthodoxe n’est pas en reste pour malmener la superstition et combattre ardemment la bêtise humaine.

Ce pope Nikòlas, qui traverse nombre de chapitres, incarne l'humaniste, le pacifiste. Les tensions entre Grecs et Turcs ? : « Tout cela c’est la faute aux frontières et aux religions. Nous sommes tous des êtres humains. Il n’y a qu’un Dieu, peu importe qui est son prophète… et l’amour de Dieu commence par l’amour de l’homme ». Pire, il remet en question l’organisation de la société : « puisque le riche ne pouvait pas entrer dans le royaume des cieux, il fallait supprimer la liberté de s’enrichir. Bien des gens sauveraient ainsi leur âme... ». Jusqu’à l’amener au doute final : « Dieu était quelque chose d’inconcevable pour l’imagination humaine, et plus encore pour la pensée… mais Dieu avait donné l’ordre à Josué d’arrêter la course du Soleil pour que se poursuive la bataille et le massacre, alors qu’il fallait arrêter la rotation de la terre sur son axe. Comme si Dieu ignorait le mécanisme de sa création… Et puis ce Dieu vengeur et batailleur, comment avait-il changé d’avis brusquement, pour envoyer son Fils annoncer la paix sur Terre… ». Le père Nikòlas, « dont Dieu était la substance même, en arrivait à cette contradiction : l’idée qu’il pourrait vivre sans l’idée de Dieu… quand il en venait à de tels extrêmes, il chassait de telles pensées et se consacrait à sa tâche : aider ses frères ».

La tendresse amusée de Cosmas Polìtis pour ses personnages est presque une nécessité quand on ignore lesquels survivront au grand incendie, vingt ans plus tard. C’est au beau milieu du livre que jaillit ex abrupto le récit de ce que sera cette monstrueuse nuit d’embrasement. La noirceur, la tragédie, l’horreur de 1922, s’installent en creux de cet été grec solaire et joyeux, comme une dissonance atroce et sidérante pour le lecteur (et comme elle a dû l’être pour ses habitants). L’origine de l’incendie, ses causes historiques et politiques, les responsabilités des uns et des autres, importent moins à l’auteur que ce qu’il va balayer, anéantir, réduire en cendres : des liens familiaux, des amitiés, des amours, des victoires, des espoirs. Ce chapitre est le plus beau du roman, car Cosmas Polìtis donne la parole aux mots tout simples d’un jardinier vieillissant, qui se remémore ces heures cauchemardesques ; des couleurs, des sons, des odeurs, la peur et cette vague de feu qui déferle en dévorant tout sur son passage. Et surtout des images, des images hallucinées, « une soutane s’est envolée, elle planait là-haut, vide, noire sur le ciel de cuivre, la soutane de l’évêque et à côté de la soutane une cloche étincelante comme un soleil, chauffée à blanc, qui montait, qui sonnait tristement, de plus en plus haut jusqu’à disparaître à nos yeux ».

L’auteur ne rédige pas comme un scribouillard laborieux, il possède un don manifeste pour évoquer ses souvenirs en les nourrissant de sa culture d’homme grec ; ses personnages issus du petit peuple mêlent à leur quotidien la mythologie, le conte, le rêve, le merveilleux. Les enfants surtout, qui traversent le livre et qui lui donnent sa trame dramatique, sont pour Cosmas Polìtis des observateurs privilégiés, encore avides et enthousiastes, des beautés de la ville et de la nature. Les étonnements des enfants permettent d’ouvrir de petits récits internes, des digressions poétiques d’une infinie délicatesse. Arìstos et Stavràkis, deux adolescents, découvrent ainsi, lors d’une baignade, le cadavre d’une jeune fille nue. L’auteur décrit les jeux de la mer, du vent et du ciel d’une manière aérienne : "Elle dormait dans les reflets liquides, et ses longs cheveux noirs, rejetés en arrière, soulevés par la vague, donnaient de la vie à sa tranquillité... des algues vertes étaient mêlées à ses cheveux... ses doigts touchaient une coquille d’oursin vide... l’eau sentait l’amande amère et la bergamote... le couchant brodait sur elle des tulipes et des poissons d’or... le crépuscule versait partout ses violettes".

On pourrait multiplier les exemples de ces passages de pure poésie en prose, de ce fil sensible sous-jacent qui soulève le récit vers d’autres intentions que la seule réminiscence de la cité perdue, de ces petites touches fragiles qui illuminent le texte, se répondent de chapitre en chapitre, comme des étoiles qui s’allument pour guider le lecteur dans le dédale des rues la ville.

Irais-je aussi jusqu’à dire que j’ai senti parfois la présence d’Elytis dans cette écriture qui donne la primauté à la perception qu’offre le corps (le Elytis de la lumière et de la mer, pas celui conceptuel des poèmes volontairement sibyllins et hermétiques...) ? Sans aucun doute. Cosmas Polìtis aussi aurait pu écrire

"Je porte le deuil du soleil et des années à venir

Sans nous et je chante les autres déjà passées."*

 

* in Le Monogramme - 1971

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7 juillet 2016

Cythère - des ruines et du vent

Si pour beaucoup de voyageurs, la seule évocation du mot Grèce allume des images de petites maisons cubiques blanches noyées sous les bougainvilliers, mes rêveries toutes personnelles me renvoient plutôt désormais vers des cités de pierre endormies. Cythère en porte deux, l’une byzantine (Paléochora ou Paliohora), l’autre vénitienne (Kato Chora). Elles restent les deux plus fortes images du séjour, aussi mémorables qu’a pu l’être Vathia, dans le Magne. Nous les avons arpentées sous une météo chagrine - ciel bouché et morose -, malmenés, rudoyés sous des rafales dantesques. Inutile donc de souligner que ce temps d’automne (en plein mois de mai !) a coloré de manière « romanesque » nos déambulations étrillées par le vent, et que ces éléments déchaînés, en parfaite harmonie avec la situation géographique, l’histoire, les légendes qui courent sur les cités, n’ont fait qu’ajouter à notre enchantement.

Paliohora… la plaie de l’île, le souvenir douloureux d’un massacre perpétré en 1537 par Barberousse, pirate sous la bannière du Croissant, puis Grand Amiral de la flotte ottomane. La capitale byzantine de l’île ne put se remettre du saccage, ne fut jamais reconstruite et continue doucement de d’estomper, isolée, oubliée, perdue au milieu d’une nature qui a repris ses droits. Pourtant, Agios Dimitrios - de son vrai nom -, fut une ville puissante, riche, bâtie au XIIIe siècle par les Byzantins, au moment où ceux-ci reprennent Cythère aux Vénitiens pour quarante petites années (1269-1310). Bien évidemment, son emplacement ne doit rien au hasard : totalement invisible de la côte, elle est plantée dans les terres sur une falaise abrupte, au point de rencontre de deux gorges profondes, qui s’ouvrent et se prolongent jusqu’à la mer.

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La cité semble flotter, comme sur une île, au bord de ces deux gouffres vertigineux. Les maisons construites les unes collées aux autres - leurs murs extérieurs servant de ligne de défense -, suivaient la ligne du ravin, impossible à escalader. Toutefois, la population augmentant, la ville se développe hors de cette ligne naturelle, vers le Sud, sans avoir le temps d’enfermer les nouvelles constructions à l’abri d’une muraille fortifiée. Par malchance, Barberousse sévit à ce moment-là dans les Ioniennes, cherche la capitale de Cythère et finit par apercevoir des fumées d’habitation qui lui indiquent la position d’Agios Dimitrios. Il ne lui reste plus qu’à remonter les ravins à partir de la mer et à profiter de cette brèche ouverte. La réputation du Grand Amiral est telle qu’une partie de la population préfèrera se jeter du haut des à-pics, plutôt que de tomber entre ses mains. La ville est pillée, brûlée, les habitants encore présents décimés ou vendus comme esclaves. Aujourd’hui, il ne reste de la splendeur d’Agios Dimitrios que quelques ruines, l’église d’Agia Varvara, et un pan de mur remonté, unique velléité de préservation du lieu.

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On y accède par une piste de deux kilomètres avant de s’engager sur un sentier mal entretenu, d’où émerge cette vision fabuleuse de cité fantôme. Le site n’étant pas sécurisé, il faut vraiment s’avancer prudemment, notamment lorsque les bourrasques tourbillonnent et remontent des gorges. Surtout, l’ensemble du lieu, par la violence du paysage sauvage, le sifflement aigu du vent et ce vide abyssal à nos pieds, semble encore résonner de l’écho de la sauvagerie passée. On murmure même dans l’île, qu’il n’est pas bon de s’aventurer à Agios Dimitrios de nuit, toutes les âmes n’ayant pas trouvé le repos…

Á l’opposé, sur la côté Ouest de l’île, une autre ville s’agrandit après la mise à sac d’Agios Dimitrios. Les Vénitiens bâtissent Kato Chora au XVIe siècle (certaines églises témoignent toutefois d’une présence byzantine antérieure), pour préserver les habitants d’un nouvel assaut des pirates ; la cité (des remparts, un fort de 1565 portant les armes de la Sérénissime, des maisons à étages et une flopée d’églises) occupe une situation stratégique, protégée elle aussi par des falaises abruptes mais cette fois infranchissables, sans accès direct par mer.

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De plus, pour éviter de livrer des familles sans défense à la sauvagerie des pillards, le fort possédait sa propre garnison de soldats, venus de Crète et de Chypre (c’est aussi Kato Chora qui accueillera les rescapés de Momemvasia, lorsqu’elle tombera aux mains des Turcs en 1540). Au-delà des ruelles muettes, des murs usés, des charpentes chancelantes, des édifices délabrés, la dizaine d’églises construites au bout du village, suspendues au bord du précipice, forme un ensemble saisissant ; les toits de pierres plates sont même pour certaines au niveau du sol et il fallait à l’époque descendre rudement la paroi du précipice pour trouver la petite porte d’entrée (chose aujourd’hui impossible, dame nature ayant effacé bien des chemins).

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Ces églises posées entre ciel et terre, en équilibre à l’aplomb du vide dessinent une ligne bien fragile dans un panorama grandiose ; on se sent tout petits dans un site qui nous dépasse, dans une nature sculptée par le vent et les pluies, le regard perdu vers le point de fuite naturel au creux de la vallée de pierres, tout au fond, en direction de la mer.

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Le Présent Défini
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