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Le Présent Défini
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28 juin 2012

Ithaque, l’unique (prologue)

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« Garde toujours Ithaque présente à ton esprit.

Y parvenir est ta destination finale.

Mais ne te hâte surtout pas dans ton voyage.

Mieux vaut le prolonger pendant des années ;

et n’aborder dans l’île que dans ta vieillesse,

riche de ce que tu auras gagné en chemin,

sans attendre d’Ithaque aucun autre bienfait.

 

Ithaque t’a offert ce beau voyage.

Sans elle, tu n’aurais pas pris la route.

Elle n’a rien de plus à t’apporter. »

 

Κωνσταντίνος Καβάφης          

Extrait Ιθάκη, 1911

 

Pour nombre de voyageurs, l’évocation de cette toute petite île ionienne, séparée de Céphalonie de quelques brasses, fait naître des images épiques, des envies d’errance, des aventures fabuleuses, des héros nobles et intrépides, une épopée légendaire. On aborde Ithaque lesté du mythe, en retenant son souffle, avec un mélange de respect et d’exaltation. La traversée entre Sami et le modeste port de Pisaetos ne prend que 20 minutes, bien courtes pour changer d’époque et d’ambiance. Ithaque, c’est une rencontre forte, une tombée en amour, aussi brutale et définitive qu’a été pour moi la plus belle des Cyclades, Amorgos (d’ailleurs, les deux îles, bien qu’ancrées dans des archipels contrastés, ont bien des points communs).

Les querelles d’archéologues, les empoignades des exégètes homériques, les chicanes entre habitants des ioniennes, les fouilles sans résultat ou si peu, entretiennent le flou sur le lieu exact de l’île d’Ulysse. Chacun se forge sa mythologie selon sa lecture de l’Odyssée. En ce qui me concerne, que ce tout premier routard ait construit son palais ici ou là-bas m’indiffère. Les quelques lieux qui corroboreraient la présence du vagabond de la Méditerranée sur Ithaque, sont bien chiches et déprimeraient par leur discrétion n’importe quel prof de grec. Quelques pièces de monnaie, une unique pierre gravée portent son nom, un lieu désigné en haut d’une colline cerclée de murailles de pierre, habitée des Mycéniens aux Romains, aurait été l’emplacement de choix pour la demeure d’un roi. Mais rien de probant.

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Ithaque, c’est avant tout une terre, deux émeraudes posées sur un saphir, reliées par un isthme de quelques mètres, un havre épargné du développement touristique (pas de plages de sable, quelques criques de galets et de cailloux, les plus belles accessibles uniquement par bateau... que tout l'Olympe en soit remercié !), cinq villages au Nord, une route qui fait le tour de l’île, un chef-lieu au Sud, des monastères, des fresques byzantines, pas de constructions anarchiques, des falaises abruptes (le paradis des chèvres), des zones boisées et de douces collines où le travail de dame Nature reste intact. Je ne sais pas à quoi ressemblait la Grèce il y a 50 ans mais nul doute qu’Ithaque offre encore une sincérité incontestable. Les habitants n’ont pas vendu leur âme au tourisme de masse, à l’argent facile, à une croissance artificielle qui n’entretient que les faux semblants. Les villages restent isolés et silencieux (bémol pour Kioni, j’y reviendrai), les hôtels et les restaurants ne poussent pas comme des mauvaises herbes, l’homme reste discret et humble face à son environnement. Et les quelques touristes qui posent leurs sandales à Ithaque, comme les voileux qui viennent mettre leurs bateaux sous la protection des baies bien abritées, respectent ce caractère unique de l’île.

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Ithaque, c’est un rythme particulier, une atmosphère sereine et paisible, une lenteur communicative, une mise entre parenthèse, une rêverie en solitaire tout éveillé dans un calme permanent, un écrin sauvage, peint de vert et de bleu.

 

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26 juin 2012

Ντίνα Νικολάου s’épanouit dans le VIème sans se diluer…

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Décidemment, les réussites gastronomiques grecques à Paris sont histoires de famille. Si la tribu chypriote Mavrommatis régnait sans partage depuis des décennies sur les bords de Seine, les sœurs Nikolaou lui taillent doucement des croupières.

Je tiens le restaurant du chef grec Dina Nikolaou et de sa sœur Maria, Evi Evane, pour la meilleure table grecque testée selon mes papilles. Nous y sommes retournés samedi dernier un peu par hasard pour goûter le menu déjeuner à 16 euros et je maintiens mon appréciation. Si le dîner du soir peut faire grimper l’addition (carte des vins excitante et plats à la carte plus élaborés), ce menu du midi tient bien la route. Haloumi saganaki, deux mezzés froids au choix, salade  grecque copieuse ou poulpes confits, suivis selon vos appétences d’un excellent poulet farci au poivron et à la feta, de keftedes grillés riches en herbes, d’une moussaka maison ou de brochettes marinées. Tout est ultra frais,  riche en goûts, léger, délicat et très raisonnable, vu les prix pratiqués dans ce quartier. Il y a toujours une importante marge de progression en ce qui concerne le service, qui peut vaciller dangereusement selon le serveur qui vous sera octroyé.  L’un est un garçon de Rhodes, charmant et souriant, l’autre… un vieux bougon à la comprenette ralentie, l’humeur chagrinée par les longs hivers parisiens sans soleil, qui a tout oublié de l’hospitalité légendaire de son pays (j’ai senti passer la correction glaciale d’un accusatif utilisé malencontreusement à la place d’un nominatif - oups, plantage -  assénée on ne peut plus sèchement). Pour un peu, il m’aurait envoyée au coin…

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Mais la bonne nouvelle, c’est l’ouverture d’une boutique « traiteur – épicerie – plats sur le pouce », à deux pas du Bon Marché, rue Saint Placide. Accueil plus enthousiaste, chaleur dans la voix, on se sent très bien venu… et on retrouve pour pas cher la bonne cuisine de la maison-mère. Goûtez leur tarama blanc, c’est juste l’extase. La volonté de ne proposer que des produits de très bonne qualité est évidente. Vous pourrez ainsi multiplier les saveurs en emportant des portions de vos mezzés préférés, ou des parts de plats familiaux (moussaka, gratins de légumes, poulets farcis…), feuilletés légers, salades savoureuses et colorées, nombreux fromages grecs, desserts (galatopita, baklavas, kourabiedes…), huiles d’olives, grand choix de vins (dont le Robola blanc de Céphalonie, vous m'en direz des nouvelles), tisanes bio, miels, ainsi que divers aliments de base pour confectionner des plats typiques quand le manque de la Grèce se fait trop sentir.

Extérieur boutique-P1060458

 

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22 juin 2012

Délaissez Skala pour Old Skala

Les guides touristiques balisent couramment pour nous les curiosités des pays que nous découvrons, mais il arrive parfois qu’un hasard espiègle enraye l’emploi du temps prévu et nous envoie sur d’autres chemins, bien plus émouvants.

Á la pointe Sud-Est de Céphalonie, on trouve un village anglais*, Skala, station balnéaire sans charme, bâtie récemment dans une totale cacophonie (et son expansion continue de plus belle), un chaos de constructions bétonnées plus hideuses les unes que les autres. Les tour-opérateurs d’outre-Manche y cantonnent leurs ressortissants, qui y rôtissent leur blanche carnation en vase clos. Si vous entendiez parler grec à Skala, ce serait de l’ordre du prodige. Cette édification à marche forcée est d’autant plus dommageable que la plage qu’elle borde est magnifique. Seules, une imposante villa romaine du IVème et ses mosaïques, sont une raison de s’y arrêter.

Mosaïques_romaines_Skala

 

Nous préférons poser nos serviettes un peu plus loin sur la petite plage de sable de Kaminia, à Ratazakli, lieu de ponte des tortues de mer. Des jeunes d’une association écologique passent d’ailleurs vers 18h pour ramasser les déchets « oubliés » par les gorets et qui risqueraient de polluer le site.

En rentrant un soir vers Poros, nous avons souhaité essayer un autre chemin, à l’intérieur des terres. On va dire que ma lecture de la carte un peu personnelle et mon sens inné de la désorientation nous ont menés … à Old Skala, ancien village construit sur les hauteurs, totalement ravagé par les tremblements de terre de 1953. Il en reste encore aujourd’hui des ruines, de vieux murs de pierre écroulés, des vestiges poignants, un petit cimetière où certains rescapés d’hier ont choisi de revenir pour l’éternité. Il n’y a en fait plus grand-chose à découvrir sur ce champ du souvenir, la nature reprenant peu à peu ses droits. Mais ce retour en arrière, cette promenade silencieuse sur les traces des premiers habitants de Skala, est comme un modeste hommage que l’on adresse à ceux qui ont tout perdu le 12 août 1953** et que l'on vient saluer, avec amitiés.

 

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* encore que…. Albion n’est pas fils de Poséidon pour rien…

** vous pouvez trouver à Skala une petite monographie de Jean Baker « Memories of the Earthquakes of 1953 », très bien faite et riches de photos d’époque.

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20 juin 2012

Céruléenne Céphalonie

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Le retour à Céphalonie s’imposait… il est parfois étonnant de voir la métamorphose subite de son conjoint en gamin boudeur et grognon, tout chiffon de quitter le petit port de Poros, où nous avions passé une semaine l’année dernière, pour s’en aller découvrir Leucade. J’avais pour mission cet été de le ramener en terre promise, de lui rendre ses petites habitudes estivales, sa plage… et son « yaourt au miel sur la terrasse à l’heure où le ferry arrive ».

Nous avons donc re-posé nos sacs à l’hôtel Oceanis de Poros, (Sud-Est de Céphalonie), que je vous recommande avec emballement : prix gentils, grande piscine, petits-déjeuners généreux, linge lavé gracieusement et situation panoramique qui domine toute la baie.

Si j’avais tenté d’expliquer l’année passée pourquoi nous aimons cette grande île ionienne (c’est ici), on va donner aujourd’hui dans le pratique :

Se rendre à Céphalonie :

Pas d’avion direct depuis la France, passage par Athènes obligé. Ensuite, soit vous enchainez avec un vol Athènes/Argostoli qui vous coûtera un bras sur un coucou d’Olympic Air (05h40 ou 20h35, horaires plus incommodes, on a rarement fait…) ou bien, vous faites comme les vrais gens. Vous vous rendez au terminal A de la gare routière (un quartier d’Athènes un peu moisi mais pas périlleux) pour trois heures de bus pour Patras : vous serez entourés de popes, de mamies en fichus noirs, de grecs qui beuglent dans leurs portables, de papis qui s‘interpellent d’un bout à l’autre du véhicule. C’est très charmant ! Á Patras, vous embarquez sur un ferry de la compagnie Strintzis Ferries qui vous amène au port de Sami (le bus, qui monte avec vous dans le bateau, continue vers Argostoli). Évidemment, vous y laissez une journée, mais on aime ce sas de décompression, ces quelques heures de transition où on glisse doucement d’un pays à un autre, d’une langue à une autre, retrouvant peu à peu nos repères, nos habitudes, nos traces laissées douze mois plus tôt.

Manger à Céphalonie :

Á Poros, voilà deux « cantines » où nous avons nos habitudes, pour des raisons très différentes.

- Ταβέρνα Ηλιοβασίλεμα (Taverne Iliovasilema / Sunset), au dessus du quai des ferries. Cuisine simple et bonne, pas chère et pratique, situé à 20 mètres de l’hôtel Oceanis. On y vient surtout pour sa patronne (qu’on entend en général rire de très loin, on sait toujours quand elle est là…), Βουλα Πετρη, qui aime sa moto, les chats… et la musique. Car la demoiselle chante, et pas qu’un peu (elle a même enregistré deux CD). Il faut venir à l’heure grecque (pas avant 22h), envoyer de bonnes ondes, ne pas la stresser, et si les oracles l’ont décidé, elle prendra sa guitare. Vous passerez alors un bien joli moment, surtout lorsque les tablées de locaux reprennent avec elle des chansons traditionnelles. On a soudain l’impression jubilatoire de faire partie de la famille, de partager une culture, d’être les témoins privilégiés de ce qui fédère une communauté, la fraternité par la musique et le chant.

- Ταβέρνα Ο Τζινας, sur le quai des voiliers. Tenu par un franco-grec, vous allez très bien dîner au bord de l’eau. Les recettes traditionnelles de l’île sont affinées (si vous souhaitez goûter la kréatopita, c’est ici qu’il faut venir) et son agneau au romarin vous laissera tout remué. Excellent bar rôti, desserts goûteux… et puis il a raison de remplacer les sempiternelles frites qui alourdissent les plats par un moelleux gratin dauphinois.

- Nous avons un gros souci avec son voisin direct, Διονυσος, que l’on retrouve dans nombre de guides mais qui ne nous a jamais plu (il faut dire aussi que cette table nous a rendu malades). J’ignore si le propriétaire a changé, s’il s’agit juste de la faute à pas de chance, mais nous ne partageons pas les lauriers qui lui sont souvent tressés. Á vous de voir.

Á deux kilomètres de Sami, nous conseillons avec enthousiasme la Ταβερνα Καραβομυλος, quasiment les pieds dans l’eau, sous l’ombre de grands arbres. Table des dimanches des familles du coin, on y mange très bien (excellent poisson, le patron est pêcheur) et on y trouve même des petits calamars* frais. Et quel bonheur sucré de se voir offrir avec le café des baklavas, aussi bons que ceux de l’Ouzeri Boudaraki de Parikia, à Paros.

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Á Assos, encore un excellent déjeuner au Ο Πλατανος, grande taverne familiale où l’on déguste les produits de leur ferme : J-P maintient son appréciation, les meilleurs Παιδάκια (côtelettes d’agneaux grillées) se mangent là. Carte bien fournie, salades originales, fraîcheur des produits, nous, on aime beaucoup, comme le yaourt au glika de cerises, offert en dessert. Le service des ados de la famille, attentionné et  sincèrement soucieux de votre bonheur gustatif, est très touchant.

La suite au prochain post…

 

*Je sais, B., que l’on doit dire en français « calmars », mais bon, l’usage fait loi aussi parfois…

 

1 juin 2012

Pour redécouvrir la légende...

kneidl_helga-romy_schneider~OM24f300~10415_20041030_862_149Pour celles et ceux qui n'ont pas oublié l'immense actrice que fut Romy Schneider, vous pouvez réécouter l'émission qui lui a été consacrée, durant "La voix est libre", le mardi 29 mai à 09h05.

C'est là :

Moi, je file à Céphalonie, puis à Ithaque....

 

 

 

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