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Le Présent Défini

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7 juillet 2011

Serifos, la sauvage

Un peu au dessus de Sifnos, une autre île des Cyclades est peu fréquentée par les visiteurs, Serifos. Les ferries arrivent au port de Livadi, où se concentrent hôtels, chambres à louer, tavernes… Je vous déconseille fortement d’y loger à moins d’être moustiquophile. Livadi est construit dans le lit d’une ancienne rivière, cerné par des roseaux, la zone est humide et extrêmement riche de volants en tout genre. Dormir sous la moustiquaire est quasi obligatoire. De toute façon Livadi n’a aucun intérêt. Montez plutôt tout de suite à Chora, chef lieu qui culmine sur les hauteurs, authentique village cycladique. Je vous recommande une halte au café Stou Stratou, sur la place Saint-Athanasios bien accueillante.

 

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Serifos est une petite île aride, pelée, comme tondue par les vents qui lèchent ses collines. Elle bénéficie de très belles plages de sable, telles Psili Ammos, Agios Sostis ou Kalo Ambeli. Certaines ne sont accessibles qu’après une bonne marche de trente minutes dans les collines mais la transparence de l’eau et la tranquillité de la plage ne vous le feront pas regretter (une très bonne carte bien détaillée s’impose pour suivre les bons sentiers). Serifos est une île ou vous pourrez marcher deux ou trois heures sans croiser âme qui vive (sur deux pattes j’entends, moutons et chèvres sont les seuls rois des étendues désertes de construction de l’île).

Les seuls vrais et beaux arbres de l’île se rencontrent dans le monastère des Taxiarches (des Archanges), près de Galani, bâti comme une forteresse, certainement sur une des rares sources de l’île, à l’abri de ses hauts murs blancs. Le dernier moine vous ouvrira la porte avec courtoisie, vous offrira thé et loukoum et vous fera visiter l’église riche de fresques.

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Ne pas manquer de faire une halte « retour dans le passé » à Megalo Livadi, au sud de l’île. Ce tout petit village est en fait le musée en plein air de ce qui a fait la richesse de Serifos dès le XIXème, son sous-sol, gorgé de minerais. Tous les engins d’extractions, de transport, de chargement ont été laissés là, abandonnés en l’état, rouillés, comme si tous les mineurs s’étaient volatilisés d’un coup. Arpenter cet endroit, sous un soleil de plomb, le silence accablant uniquement troublé par le crissement des insectes est assez troublant. Ne pas hésiter par contre à déjeuner dans les deux petites tavernes pieds dans l’eau du village, un des meilleurs poulpes grillés jamais dégusté en Grèce.

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Serifos est une terre que l’on découvre en marchant, sur des sentiers secs et durs, dans une végétation rêche et jaune mais qui offre à ceux qui font l’effort de la découvrir des rencontres, des lieux singuliers que je n’ai croisés dans aucune autre île.

 

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4 juillet 2011

Kastro, île de Sifnos, plus beau village des Cyclades

Je suis retournée à Sifnos rien que pour lui. En ce qui me concerne, c’est un des plus beaux lieux qui soit, aussi fort que le site du  Monastère de la Panagia Chozoviotissa à Amorgos. Kastro est  l’ancienne capitale fortifiée de l’île, un véritable bourg-forteresse vénitien bâti vers 1630 sur la côte Est, sur le bord d’un rocher aux falaises abruptes, avec la mer en à pic. Il reste encore des traces du mur extérieur, ceignant le village. Côté mer, ce sont carrément des habitations de deux ou trois étages, presque sans aucune ouverture, qui servaient de remparts. A l’intérieur de cette fortification, on découvre les maisons de maîtres, les ruelles pavées aux joints blanchis, les églises aux toits bleus ou blancs. Mais j’ai rarement vu une telle pagaille urbaine, un tel enchevêtrement de maisons : loggias, escaliers, enfilement de voûtes, passages étroits qui débouchent sans prévenir sur la mer, une seule petite place (ou bien un simple élargissement de la venelle ?)  et hop, on se perd à nouveau dans le dédale, on monte des marches, on repasse sous des arches, on tourne la tête avec surprise car on découvre des écussons des grandes familles du chef-lieu gravés sur les linteaux des portes, ou des colonnes servant de piliers pour soutenir une arcade. Le temps semble s’être arrêté dans ce kastro,  où nous sommes début juin bien souvent les seuls visiteurs. Le village est ramassé sur lui-même, fermé, dense, silencieux, comme pétrifié depuis plus de trois siècles : on ne serait pas étonné de voir passer des cavaliers d’un autre temps ou d’entendre le fracas des épées.

 

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Au bas de la falaise sur un promontoire, l’église des Efta Martyres, émerge des flots, tel un îlot du grand Bé toujours à marée haute. Le soir, vers 19 heures, on s’assoit au bord du précipice sur un banc, on perçoit le tintement des cloches des troupeaux de chèvres et de moutons sur la colline à droite, le regard se perd vers l’immensité de la mer qui s’ouvre devant Kastro et l’on se dit que c’est ici qu’il faudra venir se reconstruire si un vrai chagrin nous prenait.

 

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3 juillet 2011

Sifnos, la paisible

Si toutes les Cyclades se ressemblent, toutes se distinguent. On passe dans certaines, on s’attarde dans d’autres et on revient dans quelques unes, Sifnos fait partie de celles-ci. Île des Cyclades de l’ouest, elle offre au premier regard les mêmes maisons cubiques blanchies à la chaux, les coupoles bleues des églises, la rareté de sa végétation et les plages d’eaux claires.

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Mais on respire surtout une quiétude quasi palpable, une douceur et un parfum de sauge. Pas encore défigurée par le tourisme, sa campagne reste vierge de constructions anarchiques. Je vous conseille de vous loger au chef lieu Apollonia ou à Ano Petali (quartier d’Apollonia situé un peu en hauteur), pour la bonne raison que les bus rayonnent à partir de là. Je recommande la Pension Geronti, hôte sympathique qui nous gava de gâteaux maisons et de tourtes fraîches aux épinards, comme nous baragouinons quelques mots de grec. Ah oui, essayez vraiment avant votre départ de France de potasser un peu l’alphabet et le vocabulaire de base : en Grèce on parle grec, pas anglais. Les locaux y sont très sensibles et vous verrez tout d’un coup arriver sur votre table des petits suppléments offerts de bon cœur, des vieux papis grecs vous sourire sur les chemins de rando et vous offrir des fruits de leurs vergers pour remercier vos efforts. Cela ne coûte pas grand-chose et vous passerez un peu moins pour des touristes « sea and sun ».

Sifnos distille son charme harmonieux au fur et à mesure des balades : elle n’a pas la vitalité de Paros, l’âpreté d’Amorgos, les contrastes de Milos ou la splendeur de Santorin. Elle reste un peu à l’écart, discrète, délicate et secrète. En fin de printemps, ses plages sont encore désertes, les petits villages (Artemonas, ancien quartier des puissants de l’île abrite de magnifiques demeures de maîtres et Kastro, l’ancienne capitale, vous racontera l’histoire médiévale de l’île) valent à eux seuls le déplacement. Les baies bien abritées cachent des petits ports où rien de semble avoir bougé depuis des décennies (Cheronissos, Faros, Vathy).

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Sifnos séduit ceux qui recherchent une île encore rurale, apaisante, où les insulaires sont plus nombreux que les touristes, et qui durant quelques jours savent se glisser dans le rythme nonchalant des rêveurs. On se pose à Sifnos, on arrête sa montre, on prend le temps de regarder les moutons passer en sirotant son ouzo et on médite comme un vieux sage.

 

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2 juillet 2011

Paros, Amorgos, Santorin, 10 ans après

J’ai découvert le visage des Cyclades à travers ces trois îles, au début des années 2000 (pas de photos, pas de numérique à l’époque…). Que m’en reste-t-il une décennie après ? Une sensation très nette de lumière, d’un contraste de couleurs qui ferait presque mal aux yeux, des bleus coupants, des blancs qui réverbèrent le soleil et éblouissent.

Paros est une porte d’entrée commode, pratique, parfaitement adaptée aux enfants. Grosse plaque tournante de ferries, elle est facile d’accès. Le port de Parikia est on ne peut plus fonctionnel et mélange de vieilles ruelles traditionnelles avec tout le confort que peut demander un touriste un peu exigeant. Bonnes adresses de chambres (coup de cœur pour la « Pension Sofia », un poil cher mais au petit soin pour les visiteurs), chouettes tavernes (Ah, les baklavas de « Boudaraki » !), des tables plus élaborées (« Levantis »), juste ce qu’il faut d’activité et d’ambiance le soir (cafés sympas, bonne musique…). Les plages de sable fin et blond sont légions (Pounda, Golden Beach, Logaras…), les villages du centre de l’île, des plus typiques (Lefkes, Podromos) et Naoussa (port de l’île célébrissime depuis que des peoples français y ont élu domicile) ne devraient pas vous décevoir. Paros ne demande aucun effort, tout est à portée de main, ou de bus et permet un premier contact attrayant avec les îles.

Pas du tout la même ambiance à Amorgos, où on effectue un bond dans le temps. Pour les amoureux de la nature, des grandes balades, du calme, il s’agit d’une île de choix, encore préservée et authentique. Tout le monde a vu le film de Luc Besson, donc, tous les français connaissent le Chora et le monastère de la Panaghia Chozoviotissa. Aussi beaux que sur la pellicule ? Oui, encore mieux. On trouve à s’y loger dans l’un des deux ports d’arrivée Aegiali et Katapola. Nous avions choisi l’hôtel « Voula Beach » à Katapola (bonne adresse), coquet petit village plus attachant d’Aegiali. Là aussi on trouve de très vieux villages (Lagada, Tholaria et Potamos) mais très peu de belles plages de sable facilement accessibles. Je me souviens que nous prenions un caïque à Katapola pour nous rendre sur une petite crique bien tranquille (hors saison, cela va sans dire) et qu’aucune autre plage de nous avait transportés, si ce n’est une, située au sud (voiture recommandée). Mais on vient à Amorgos pour ses randonnées (la moyenne d’âge des touristes n’est pas du tout la même qu’à Paros…) : il y en a pour tous les mollets, tous les poumons mais je garde de ses heures passées à battre les collines en respirant le thym et la sauge, sous le cagnât, le sentiment que l’île nous appartenait un peu.

Faut-il tout de même se rendre à Santorin, quand on aime les îles brutes et sauvages ? Malgré tous les défauts de Santorin (exploitation touristique débridée, prix ahurissants, villages avariés par les marchands du temple), elle est unique, exceptionnelle, assez magique en fait. Logez à Firostefani, rien que pour le plaisir d’arpenter la corniche jusqu’à Fira. Lorsque la nuit tombe, la féérie se met en marche, le coucher de soleil sur la Caldera méritant à lui seul le déplacement. Quant à la grande balade entre Fira et Oia elle vous laissera un souvenir mémorable.

1 juillet 2011

Orta San Giulio

Si vos pas vous mènent dans le Piémont, dans la région des lacs, approchez-vous du petit frère du lac Majeur, il lago d’Orta. Je le fréquente depuis quinze ans, à toutes les saisons, de préférence en hiver ou au printemps, quand les hordes des cars de touristes ne sont pas encore de sortie (un immense parking a vu le jour il y a 8 ans, les tours opérateurs comprenant soudain tout l’intérêt de l’ajouter à leurs circuits). Hors saison, il dispense une atmosphère rare. Sur les rives de ce petit lac, étiré au bord de l’eau, s’étend Orta San Giulio, minuscule village médiéval que l’on parcourt à pied, les semelles claquantes sur les pavés mal taillés : ruelles étroites et sombres, arcades, loggias, portails de fer, vieux palazzi décrépis, toits de pierre, senteur de bois humides et de feux de cheminée en décembre, parfums entêtants de glycine en avril : en son centre, la piazza où la vie sociale des habitants s’organisait (le vieux tribunal du XVIème est toujours bien assis sur ses colonnes et orné de fresques). Une halte est alors indispensable sur cette place inondée de soleil, le temps d’un Campari soda. La vue en impose, en droite ligne sur l’isola di San Giulio, ou domine la basilique du XIIème. Selon la légende, au  IVème siècle, Saint Jules débarrassa l’île de ses serpents et autres bêtes peu cordiales après avoir traversé le lac sans se mouiller et y fonda une première église.

Si l’on marche un peu vers le sud, en quittant la place, on suit la rive du lac où s’alignent de très belles villas et leurs jardins en étages, croulant sous la végétation. Cette partie du village témoigne de la bonne santé financière de ses occupants, qui retapent, restaurent, embellissent et prennent soin d’un patrimoine qui mérite d’être sauvegardé.

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30 juin 2011

3857 18th Street San Francisco, CA 94114

On l’a tous cherchée, cette maison bleue. Venue à San Francisco en 1996, j’ai écarquillé grand mes yeux devant toutes les maisons susceptibles d’être THE ONE, la mythique, celle immortalisée dans une chanson entrée au patrimoine il y a quarante ans. Je la situais plutôt sur  Haight-Ashbury, le quartier collant bien avec le texte. De long en large, dans tous les sens, m’arrêtant dès que le moindre Ripolin bleu recouvrait une façade. Mais rien de sûr. Et puis, on remet la tête dans le texte à la recherche du moindre indice jusqu’au doute : « si San Francisco s’embrume, si San Francisco s’allume », la maison n’est-elle pas en face, de l’autre côté de Bay Bridge, à Oakland, d’où l’on voit la ville ? D’autant plus que trouver une maison, sur une colline, où l’on peut rouler dans l’herbe, relève de l’exceptionnel dans les vieux quartiers de San Francisco. Je l’imaginais comme une grande bicoque un peu de guingois, trapue, les flancs larges pour accueillir la bande de contestataires aux cheveux longs, au beau milieu d’une grande friche pleine d’herbes folles à fumer et de fleurs sauvages pour les cheveux des filles. Echec donc sur toute la ligne, retour bredouille, la maison a dû être démolie par un entrepreneur peu nostalgique. Fin de l’histoire.

Pas tout à fait. Un journaliste a mis la main dessus. La maison a une adresse. Elle est verte, elle est bourgeoise, étroite et haute. Elle coûte 2 millions de dollars. Elle ne me plaît pas.

Elle n’est plus le refuge de hippies contestataires, solaires et plein d’espérances. Elle est un investissement immobilier dans un quartier recherché. Fin juin 2011, on l’a repeinte. En bleu, sur deux tons. Sa valeur marchande doit avoir pris 10%. Nous sommes très loin du Summer of Love.

La mienne existe pourtant et doit être délabrée aujourd’hui, fanée, le bleu azur d’origine délavé par quarante années de pluie et de brouillard. Mais je suis certaine qu’elle demeure toujours, sans doute restée debout pour quelques seuls fous. Et quand le soir tombe sur San Francisco, que la brume recouvre les collines et l’océan, une petite lumière s’allume encore quelque part dans la ville. « Lizzard et Luc, Psylvia, attendez-moi ».

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