Leucade, la dissonante
Pour les coutumiers des Cyclades, l’arrivée dans les Ioniennes est un choc. Oubliées les maisons blanches et les chapelles aux toits bleus, les plages douces, les collines arides, la végétation rare… ici nous sommes en paysage montagneux, aux arbres très verts, les côtes sont dentelées, la flore abondante, les maisons plus robustes, les toits protégés de tuiles roses (la saison des pluies dure d’octobre à mars).
Entre Corfou et Céphalonie, se trouve Leucade/Lefkas ou Lefkada (« la blanche »), en référence à la couleur de ses falaises de craie. Cette île est une vraie douche écossaise à elle tout seule : elle offre le pire, comme le meilleur, une nature esquintée mais aussi très préservée, des villages truqués comme des endroits authentiques, des plages abîmées mais des plateaux de montagnes à couper le souffle.
Leucade souffre du fait qu’elle est reliée au continent ; facile d’accès, elle doit absorber le week-end et l’été un tourisme assez envahissant : toute la côte Est est pour moi totalement sinistrée, bétonnée sans plan d’urbanisme, sans respect de l’environnement, les petites plages collées à la route. Il faut fuir Nydri comme la peste, principal centre touristique de cette côte, où comme le souligne un guide bien connu, le grec est la seule langue dont on n’a pas besoin : tout y est fait pour le tourisme bas de gamme.
Leucade est surtout reconnue pour ses plages de la côte Ouest, qui ornent bon nombre de calendriers, de dépliants ou de sites sur la Grèce. Porto Katsiki, Egremni, Gialos, Kathisma, sont des endroits d’une très grande beauté, aux eaux turquoises, protégées par de hautes falaises crayeuses. Mais, et ce mais est d’importance, elles sont toutes aménagées dès le début de saison, avec des parasols et des transats sur 5 à 6 rangées tout le long du rivage. On image ces endroits en avril et en mai, quand tout ce foutoir ne pollue pas encore la vue et les oreilles.