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voyages
18 mai 2012

Tinos suite – pratiqué et adopté… ou pas !

Il aura fallu attendre cette splendide île qu'est Tinos pour découvrir le port de Rafina, très conseillé pour rallier les Cyclades du Nord : oubliez le bus X96 un peu cahotant pour le Pirée et montez dans le très confortable bus climatisé KTEL. En moins de 30 minutes, on est sur le port, à taille humaine, loin du gigantisme du Pirée. Pas la peine d'arpenter des kilomètres de quais sous le soleil en trainant ses sacs, au pas de course pour trouver le bon ferry, ici, vous aurez du mal à ne pas voir les 2 ou 3 seuls bateaux qui n'attendent que vous.

Autre avantage pour ceux qui se sont levés à 05h00 et qui ont les crocs en avant, un certain nombre de tavernes, les pieds presque dans l'eau, sont à votre disposition. Comme d'habitude, on s'approche, on écoute et on choisit celle qui accueille le plus de grecs, gage solide de qualité. Bref, il est 15 heures, on vient de retrouver le goût de la xorta et des kolokithokeftedes, il fait 26°, grand bleu, J-P savoure son premier ouzo... on ne voit pas d'ombres au tableau.

Comme conseillé sur le site de Christian, - on ne remerciera jamais assez le monsieur pour la précision et la justesse de ses infos -, une voiture louée chez Vidalis nous attend au port de Tinos. C'est une famille entière qui gère cette institution sur l'île : nous avons eu affaire au fiston et à la môman, auxquels on peut décerner la palme du meilleur accueil qui soit. Vous ne vous sentez plus touriste mais déjà citoyen de Tinos, adopté. Nous n'avons pas compris sur le moment pourquoi ils insistaient très lourdement sur l'attention que nous devrions absolument porter aux portières de la voiture, qui parfois s'envolent à Tinos... quatre jours après, la puissance des rafales du vent nous a démontré toute la sagesse de la famille Vidalis (genre, Pointe du Raz en janvier...).

Nous sommes arrivés relativement tard, à 21h15 et Vidalis Junior a eu cependant l'extrême courtoisie de nous accompagner une bonne moitié de chemin, vers notre lieu de villégiature... bien lui en a pris, il avait à peine tourné ses roues que nous nous sommes perdus. Découvrir l'intérieur d'une île par nuit noire, avec une carte rudimentaire et sans aucun repère, pour monter dans un petit village mal indiqué, relève de la performance.

Nous louons un studio à Skalados, idéalement placé pour découvrir ce qu'il y a de plus beau à Tinos, les villages de l'intérieur. Je ne peux que recommander le lieu, nickel, très agréable, avec une vue de toute beauté (Astrokaktos).

 

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Côté tables... le grand gagnant est le fameux O Rokos, à Volax. Deux repas, deux réussites, même si nous avons regretté d'être venus hors saison, la carte se limitant à quelques plats, choisis directement en cuisine. Nous avons débarqué la première fois à 23h, les grecs en étaient déjà au yaourt, mais on nous a tout de même servis sans rechigner. Les mezzés sont excellents, la fraicheur des produits évidente (nous croiserons d'ailleurs le propriétaire dans son potager le lendemain, d'où sont issus ses excellents artichauts) : le prix défie de plus toute concurrence. Á Chora (Tinos-ville), carton plein avec Epinio, à côté du poissonnier qui cajole son pélican. Là aussi, très bon accueil, bonne table, seconde carafe de vin offerte et plus encore quand on y revient.... Pour un repas plus simple (comme goûter la louza et le fromage local), Malamatenia est parfait, perpendiculaire à la rue des bondieuseries.

Christian conseille Bizantinos pour un ouzo-mezzés d'anthologie, dans un lieu typique, un ancien hammam, où on accède après avoir traversé un café très... « tinote », qui ne doit pas souvent voir de touristes. Désolée Christian, si le lieu vaut en effet le détour, les mezzés nous ont paru bien chiches et surtout très salés. O Rokos propose bien mieux pour accompagner l'ouzo quand on arrive un peu tôt.

Sur le port de Panormos, déjeuner chez Markos, authentique pêcheur un peu bougon, qui préfère s'occuper de ses filets que de faire le service (on le comprend un peu). Nous lorgnerons sur la carcasse de l'araignée qu'il vient de s'enfiler avec ses potes (pas fou le gars, il se garde les meilleurs prises) mais nous ferons tout de même un bon repas de poissons.

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Et si vous cherchez un endroit un peu différent, un peu plus « haut de gamme » pour vous faire plaisir lors d'une dernière soirée tinote, rendez-vous chez Symposion, lieu calme et cosy, où les mezzés valent vraiment le détour (pas donné donné, mais bon...). Ambiance feutrée, excellente cuisine élaborée, très bons vins, accueil plein d'attention... l'addition est à la hauteur mais nous ne le regrettons pas.

Dernière chose : tout le monde s'extasie sur le galaktoboureko que l'on déguste à Pirgos (tranche épaisse de semoule ultra fine parfumée à la cannelle et à la fleur d'oranger, prise entre deux couches de pate filo), sous le feuillage du platane séculaire. C'est pas mal, frais, un peu détrempé tout de même et beaucoup moins goûteux que les baklavas faits maison, testés à Paros.

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14 mai 2012

Tinos, l’île paradoxe

J’ai toujours cru abominer les artichauts, ce presque chardon moche et bête, que j’ai trop vu pousser dans le Léon, sous une pluie bretonne tenace, à vous coller un bourdon têtu et durable. Je fuis tout autant le bigotisme et ses manifestations doloristes, et je n’ai que peu d’attachements pour les pigeons, en dépit de Sidonie (par nous baptisée ainsi), jeune et gracieux volatile, qui avait élu notre balcon pour perpétuer son espèce.

Alors, passer 8 jours à Tinos, fameuse pour cette trilogie, n’allait pas vraiment de soi… pourtant, tourner le dos à cette Cyclade du Nord est une bévue de taille et je ne me félicite pas de l’avoir indûment méjugée durant autant d’années.

Á l’exception d’une petite partie de la côte sud, à l’ouest du port, Tinos est une île miraculeusement préservée, sauvegardée du bétonnage, des constructions anarchiques, des carcasses d’habitations inachevées, qui défigurent certaines de ses semblables. Je ne crois pas avoir jamais arpenté autant de beaux villages, avec du caractère, de l’âme, du singulier, du surprenant, de l’identité : Volax, Loutra, Tripotamos, Agapi, Kardiani, Isternia, Tarambados, Arnados, Pirgos… il faut tous les découvrir, parcourir leurs ruelles étroites, leurs arcades, passer sous les voûtes, admirer leurs lavoirs (encore utilisés de nos jours), leurs fontaines de marbre, les hyperthiras* qui ornent les fenêtres, dégringoler les escaliers, remonter jusqu’aux églises, tel un jeu de piste organisé dans le plus authentique décor qui soit. Pirgos mis à part, un brin touristique, tous les autres villages sonnent juste, sonnent vrai, comme si le temps avait arrêté sa course pour protéger l’atmosphère paisible, unique de ces lieux.

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Au printemps, les collines sont couvertes de fleurs rouges, jaunes et mauves, le thym, l’origan, la sauge embaument déjà, les plages n’attendent que vous. C’est le bon moment pour admirer les 600 pigeonniers, tours carrées découpées comme de la dentelle, blanchies ou laissées brutes, qui tachètent les paysages vallonnés.

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Rien ne vous oblige, à Tinos-ville (Chora), à vous éterniser devant la Panagia Evaggelistra, lieu de pèlerinage orthodoxe, qui attire les croyants au mois d’août : elle n’a pas beaucoup d’intérêt, trop récente, trop vilaine, trop artificielle pour être émouvante. De plus, la montée à genoux des pèlerins vers l’église n’a rien d’un spectacle captivant et on se détourne vite des marchands du temple, qui vendent des cierges de plus d’un mètre et des flacons en plastique pour recueillir l’eau bénite.

Allez plutôt vous attabler devant les spécialités gourmandes de l’île, les délicats, succulents, petits artichauts au vinaigre, le fromage de chèvre local, la louza, sorte de jambon séché et fumé qui fond dans la bouche, les beignets de fenouil, les câpres suaves et les « glyka tou koutaliou », fruits confits faits maison, que l’on déguste avec le café ou sur le yaourt (la cerise noire est un must, dont je lèche l’assiette sans remords).

Attention toutefois à garder sous la main des vêtements chauds et une bonne couverture pour les nuits : si nous avons commencé notre séjour avec une température d’été, nous l’avons fini rhabillés, avec 10 degrés en moins, l’île étant connue pour ses coups de vent violents qui rafraichîssent l’atmosphère. Les nuages bas envahissent alors Tinos, qui a tout soudainement des Hauts du Hurlevent.

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* demi-cercle de marbre sculpté au dessus des fenêtres et des portes.

 

 

27 avril 2012

Παπαρούνα

coquelicot

« Παπαρούνα» est le premier mot de grec moderne inscrit dans ma mémoire. Et c’est aujourd’hui son anniversaire, les vingt printemps d’un petit mot pimpant et rutilant, qui me fut donné lors d’un voyage d’étudiants fin avril 1992… je garde en général à distance la nostalgie larmoyante, mais je retiens de ce premier contact avec la Grèce des images intactes et limpides. Alors étudiante en droit, des auspices ingénieux et quelques bonnes relations m’avaient accrochée à un périple d'hypokhâgneux d’Henri IV, soutenus par de frais Normaliens, à la découverte du Péloponnèse.

Á l’opposé de ces cervelles bien faites et imprégnées de culture hellène, je touchais une terre quasi-inconnue, mais je trouvais, grâce à mes compagnons de fortune, les réponses à mes incessantes et tannantes questions, qui révélaient des lacunes confinant à l’ignorance la plus crasse. Tous jonglaient avec les dates, les conflits, les batailles, les subtilités de l’architecture, les références culturelles, ce qui me faisait cruellement défaut (je me revois demander à D.B. avec hardiesse, qui était cette ATOLOS que nous devions rencontrer à Delphes… sa mine déconfite et limite effrayée me renvoyait illico à ma cancrerie : j’eus droit cependant à un premier cours improvisé sur les temples circulaires, ce qui me permit de rentrer crânement sur le site, prête à admirer la Tholos…).

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Avec patience, amusement parfois, et hilarité spontanée souvent, ces étudiants de Lettres Classiques m’ont transmis un peu de leurs lumières, m’ouvrant un modeste passage vers la compréhension et l’amour de ce pays. Mais au-delà des lieux mythiques parcourus, qui font cavaler l’imaginaire et la rêverie (Mystra, Olympie, Delphes, Mycènes, Corinthe), j’ai eu la chance de découvrir la Grèce à cette période fugace où la nature fait fleurir et flamboyer la terre, libre de toute invasion touristique, ou presque. Nous fûmes ainsi seuls à escalader les gradins du temple d’Épidaure, libres d’écouter, fascinés, les voix de la chorale du lycée Henri IV monter de l’orchestra. Ces parenthèses solaires et radieuses flottent encore quelquefois, deux décennies plus tard, suspendues dans ma mémoire :

-         la montée au Lycabette pour découvrir Athènes d’un seul regard

-         une bataille de polochon débridée dans une chambre de filles déchaînées

-         une fin d’après-midi passée à refaire le monde dans un champ couvert de coquelicots

-         les ruelles de Plaka

-         le silence de Mystra

-         les oranges grecques (non, rien à voir avec les autres…)

-         la moussaka - presque végétarienne - d’une taverne près de Mycènes, saveur jamais retrouvée

-         l'agneau, présent à chaque repas lors de cette semaine de carème, auquel je refusais catégoriquement de goûter

-         le Cap Sounion au coucher du soleil

-         une nuit blanche passée dans l’ancien aéroport d’Athènes à attendre un avion « delayed »

-         le sourire craquant d’un prof de grec ancien et son écharpe rouge

-         les nouveaux amis qui n’imaginent pas encore qu’ils seront toujours là vingt ans plus tard

-         et ceux que l’on a perdus en chemin et que l’on regrette à perpétuité.

Merci à Domy, Isabella, Ballon, Berny (qui y était sans le savoir), Luigi et les autres, d’avoir été ... très "aποτροπαιοι"  (very, private joke).

 

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 olympie

 

mistra

photos : avec autorisation d' I.G.

15 novembre 2011

Amsterdam en automne

Pas la peine de compter en grinçant des molaires, cela fait déjà treize ans que l’on n’a pas remis les pieds à Amsterdam ! Le soufflage annuel des bougies réglementaires sera une bonne opportunité de retrouver cette cité unique, où, quel que soit son âge, ses goûts, ses inclinations, ses caprices, on se sent toujours bien.

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On laisse le trip consacré « Red Light District / fumette et space cake / fast food Febo » aux routards tout frais, et on opte pour une piaule bien bath au Misc EatDrinkSleep, petit hôtel campé où il faut, gracieux en tout,  sauf peut-être pour votre CB (la crue des prix des chambres en dix ans est impétueuse).

Ensuite, la ville (sans voiture ou presque, sans pollution, sans embouteillage, quelle extase !) s’offre à tous, musées à foison, balades sur les canaux, shopping consciencieux, promenades dans les parcs, ou bien déambulation sans repère, le nez au vent, l’œil ravi des mille et un détails des façades, des pignons, des blasons, des vitraux, et de ces étroites habitations, glacées d’un noir coupant.

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Commémorer une date de naissance est aussi un prétexte pertinent pour tester des bonnes tables, distinguées par les locaux.

Testée et approuvée à deux reprises… (toquade à la limite de l’égarement, mais bon, mieux vaut dépenser ses économies que de les confier à de forbans requins), la table de « Greetje », un peu décentrée vers l’Est. Lieu cosy, intime, - boiseries, lambris, bougies -, où règne une brigade de garçons qui enchaînent trois services à la file sans  perdre leur bonne humeur : une cuisine de terroir, goûteuse mais légère, d’excellents produits locaux (gibier de saison, viande du cru, pêche du coin…), une carte des vins sans exagération. Très peu de touristes lors de nos deux passages, visiblement une table que les amoureux discrets, ou les tablées d’Hollandais braillards, apprécient. Réservation indispensable.

Autre très bonne adresse, située dans le centre « D’Vijff Vlieghen », enchevêtrement de superbes petits salons, lovés en réseau dédaléen, dans plusieurs maisons pittoresques. Là aussi, décor de boiseries, carreaux de Delft, tomettes, anciennes bouteilles de genièvre sur de lourds buffets, comme si la déco datait de Rembrandt, mais sans faire toc. La cuisine mérite le détour, car elle se positionne clairement vers l’audace et le renouvellement de vieilles recettes. Mise en bouche, saumon mariné aux betteraves fondant, colin parfaitement cuit, succulentes côtelettes aux aubergines avec muffin de pommes de terre, du très bon, bien travaillé. Le bémol viendra de l’effroyable sans-gêne du patron,  qui durant le service, fait visiter ce lieu-musée, en tonnant un hollandais guttural et râpeux, sans s’inquiéter le moins du monde de troubler la tranquillité des convives sidérés.

Aux côtés de quelques établissements d’excellence, la cuisine hollandaise ne laisse en général pas de grands souvenirs aux visiteurs. Mais elle permet de se rassasier pour pas cher à l’heure du déjeuner : soupes réconfortantes, sandwichs reconstituants, pancakes à la mode du Nord,  poissons fumés de bonne facture, croquettes de crevettes (« je persiste, Lou Kane, c’est très bon ces petits trucs là ») dans des cafés bruns ou des restos conviviaux (« Haesje Claes », « Kapitein Zeppos », « Pancakes », « The pancake Bakery »…).

Et si vous avez un peu de temps, ne pas hésiter à prendre un bus (gare routière côté mer et non côté ville) pour les villages du Waterland (Edam, Marken et consorts), havres de paix où le temps semble s’être arrêté.

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22 août 2011

La cuisine des îles grecques

Après les bonnes tables d’Athènes, petit tour dans les îles pour les tavernes approuvées au fil des années (et fréquentées par des familles de grecs, sinon s’abstenir).

À Paros, nous avons nos habitudes à l’Ouzeri Boudaraki, au bout du quai de Parikia, bien après le débarcadère. Les deux patrons vous accueillent avec le sourire mais sans agressivité commerciale ni pousser à la dépense. Nous y allons surtout pour les aubergines confites, les croquettes de courgettes, la salade crétoise … et les baklavas offertes en dessert (je pensais détester ces pâtisseries trop sucrées, eh bien il n’en est rien quand elles sont faites maison). On s’en sort pour un prix raisonnable, dans une ambiance calme et reposante. Si vos finances sont au beau fixe, toujours à Parikia, le Levantis s’offre à vos papilles de gourmets gourmands http://www.parosweb.com/goingout/home/levantis/. Il ne s’agit en aucun cas d’une taverne mais d’un restaurant tenu par un vrai chef. La carte propose des plats savoureux et originaux en faisant la part belle aux légumes et aux viandes les plus fines, dans un petit jardin calme et serein (agneau en feuille de vigne fourré à la feta, filet mignon aux pommes et pignons sauce au vin, daurade aux herbes et citron confit en papillote…). Comptez  60 euros pour deux.

À Sifnos, une adresse sort de l’ordinaire dans les charmantes petites ruelles d’Apollonia, Okyalos http://fr.okyalos-sifnos.gr/. Si le temps le permet (les coups de vents sont très fréquents en été), on dîne sur le toit, loin de l’agitation de la rue. Là aussi, nous ne sommes pas dans une ouzeri mais de temps en temps, remplacer le stifado et l’horiatiki par une cuisine plus élaborée permet de belles découvertes. Les entrées sont typiques des Cyclades mais très fines, les salades revues pour être originales et succulentes et les plats ont de la tenue. La carte des vins vaut aussi le détour. La taverne d’à côté Apostoli Koutouki mérite qu’on s’y attable pour de bons plats roboratifs et une addition bien douce (bon fromage local, pois chiches sous toutes ces formes, coq au vin, agneau mitonné dans les petits plats en argile typique de l’île).

À Milos, dans le village de Tripiti, Ergina tient le haut de panier de la gastronomie locale (réservation impérative). Il s’agit d’une table pourtant familiale et toute simple, située sur les hauteurs avec une terrasse donnant sur la mer (coucher de soleil de toute beauté). Les propriétaires proposent des recettes déjà mitonnées par leurs grands-parents (goûtez au calamar rôti et juteux, aux pâtes maison, genre de tagliatelles dans une sauce aux tomates séchées, à leur tourte au fromage…) : on y vient une fois, on y retourne obligatoirement le lendemain. Pour les amateurs de poissons, à Pollonia, Armenaki est un incontournable, http://www.armenaki.gr/menu_it.html  . L’endroit ne propose pas d’alternative à ce qui sort de l’eau, si ce ne sont les légumes du jardin et la horta. Ramenés chaque jour par les pêcheurs du port, les produits ne pourraient être plus frais. Le patron vante Sa cuisine, Son huile d’olive et Ses vins avec un aplomb certain mais vu la qualité de ce qu’il met sur la table, on lui pardonne. Milos est très fréquentée par les Italiens, et l’ambiance certains soirs n’a plus rien de Grec…

Au port de Sivota, dans la petite île ionienne de Leucade, la Taverna Spiridoula, mérite un détour. Couverte de végétation et de fleurs sur deux niveaux, elle met à l'honneur calamars, seiches, poulpes pour un prix sensé. On y croise des tablées (bruyantes) de Grecs, gage d’une bonne maison qui ne triche pas sur l’authenticité de la cuisine. Les crevettes saganaki sont aussi très recommandables.

À Céphalonie, vous viendrez sans aucun doute à Assos. Nous avons testé et approuvé O Platanos, une taverne à l'ancienne où toute la famille met la main à la pâte ; le patron prend une chaise et s'assied pour vous expliquer les jolis plats de sa carte (produits de la ferme familiale exclusivement), femme et enfants s'occupent du service avec le sourire, ça gueule quelquefois en cuisine et tout le monde en profite, mais ça rappelle une certaine Grèce assez authentique que je n'avais pas croisée depuis 20 ans. Certainement les meilleures croquettes de courgettes jamais mangées et des salades goûteuses qui changent de la sempiternelle salade grecque. A tester aussi le resto "Assos", tout à côté mais encore fermé début juin, on nous en a dit le plus grand bien. Et pour ceux qui ont choisi Poros comme lieu de villégiature, allez dîner à la Taverne Iliovasilema, un peu en hauteur au dessus de l'arrivée du ferry, qui offre une superbe terrasse pour admirer le coucher du soleil (ceux qui ont fait du grec comprendront alors le pourquoi du nom du resto). La carte propose les classiques de la cuisine de Céphalonie (kreatopita, lapin au citron...) pas toujours très light mais certifiés conformes. Les trois filles qui officient en ce lieu aiment aussi beaucoup les chats (une bonne dizaine ronronnent pas loin, les derniers nés viennent jouer sous vos tables). Les soirs où l'humeur est au beau fixe, l'une d'elles prend sa guitare et chante des airs grecs du coin, avec une jolie voix. Le temps alors se suspend, on reprend un verre de Tsipouro, on se cale au fond de sa chaise avec un chaton dans les bras et on laisse la nuit glisser.

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12 août 2011

Kali Orexi ! (καλή όρεξη)

 

Bon nombre de voyages en Grèce débutent par un passage par Athènes. La ville regorge de très bonnes adresses pour se caller l’estomac, pour tous les goûts, selon les bourses.

Je vous propose quelques endroits largement éprouvés, où je traine mes sandales avec plaisir.

Si votre estomac crie famine lors d’une balade dans Plaka, Palia Taverna Tou Psara vous tend les bras. Fondée il y a plus d’un siècle, cette taverne est une valeur sûre. L’endroit est charmant, la terrasse bien agencée et les plats goûteux. La salade d’aubergines est un must, et l’agneau kleftiko, un prodige. Vous croiserez beaucoup d’Athéniens qui viennent y déjeuner en famille (toujours bon signe).

Si votre budget est plus serré, toujours dans Plaka, le Scholarhio Ouzeri Kouklis vous nourrira pour pas cher. Une autre institution du quartier où la qualité ne bouge pas. On vous amène de grands plateaux bien garnis où vous vous servez selon vos préférences (5 plats au choix pour deux, 7 plats pour trois…selon un tarif connu à l’avance).

Dans Psirri, coin plus branché d’Athènes, et si vous n’êtes pas trop ric rac, offrez-vous Oineas. On change là de catégorie : les plats sont originaux, bien présentés, les vins intéressants mais dans une gamme de prix assez différente. A deux rues, son confrère To Zidoron est tout aussi recommandable, idéalement situé dans une rue piétonne.

Et, pour les Parisiens nostalgiques qui n’ont pas réussi à décrocher de la cuisine grecque, voilà quelques lieux pour se remettre le moral dans le bons sens (je parle de cuisine, pas de la tambouille de la rue de la Huchette…).

A tout seigneur, tout honneur, la table grecque la plus connue de la capitale, Mavrommatis. Depuis trente ans, la famille native de Chypre propose une excellente cuisine grecque dans ses boutiques, ses bistrots et restaurants. C’est carton plein à chaque fois, cela ne désemplit pas. Il y en a pour tous les budgets, toutes les envies, de la vraie gastronomie à la cuisine simple de taverne. Toutefois, même si la cuisine de haute volée ne subit aucun fléchissement, je trouve que le service laisse trop à désirer et les portions à rétrécir, tant l’assurance de faire salle comble est certaine.

Toujours dans le Vème, l’inévitable Acropole, table d’habitués, des étudiants du coin et de leurs profs. Cet endroit ne paie pas de mine, il paraît même un brin vieillot de l’extérieur mais reste fidèle à une carte qui ne me semble pas avoir bougé depuis vingt ans. Il s’agit d’une cuisine simple de taverne, pas chère, sans chichi mais ultra fraîche.

Pas très loin, dans le VIème arrondissement, on peut s’installer avec enthousiasme chez Evi Evane. Aux commandes de ce petit endroit cosy à souhait, une vraie chef grecque qui propose une cuisine légère et raffinée. On y retrouve des saveurs bien connues mais revisitées, enrichies, travaillées. C’est beau, c’est bon, c’est la table que je fréquente à chaque fois que la morosité pointe son nez (l’addition est à la hauteur… donc faites vous inviter).

J’ajouterai bien un autre endroit intéressant L’Olivier, dans le IIIème. Les plats y sont particulièrement goûteux et originaux, très loin des classiques usés jusqu’à la corde, mais quelque chose d’assez impalpable avait douché mon enthousiasme. La salle ne dégage rien de très agréable : ça manque de chaleur et de cordialité, on ressent comme un décalage entre la qualité des plats et un service plus qu’approximatif. A vous de tester.

 

15 juillet 2011

Céphalonie, la douce

Grande sœur de Leucade, située plus au Nord, Céphalonie/Kefalonia est la plus grande et la plus montagneuse des Ioniennes. On la connaît pour une espèce particulière de pins qui ne pousse qu’ici, pour son mont Aïnos qui culmine à plus de 1600 mètres, pour son parc national où vivent en liberté des chevaux sauvages, ses côtes où viennent se reproduire tortues de mer et phoques moines. On y ajoute un vin local très reconnu (le Robola), des grottes et des lacs souterrains, la plage de Myrtos la plus photographiée de Grèce, des villages de pêcheurs de carte postale… une île donc qui mérite le détour.

 

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Tout ceci est bien réel mais reste digne du dépliant touristique. Il se dégage de cette île un sentiment d’apaisement, de respiration profonde et facile en même temps, grâce à ses grands espaces ouverts : les hautes collines n’étouffent pas, les vallées s’épanouissent  sans asphyxier, les routes de montagnes dégagent à chaque large lacet des rivages amples et généreux. On y enverrait bien quelques phtisiques s’y refaire les poumons. Ces 1 000m² permettent aussi à chacun d’y trouver le point de chute qui convient le mieux, selon ses attentes et son niveau de misanthropie : du chef lieu très touristique, vivant et animé (Argostoli), aux stations balnéaires pensées pour les touristes qui pratiquent la bronzette à outrance (Skala, Lassi), en passant par les villages de montagne intérieurs, calmes et silencieux et les petits ports dissimulés aux trop pressés, il serait étonnant de ne pas dénicher son havre de paix. Cette mosaïque permet au voyageur de ne jamais s’ennuyer à Céphalonie.

 

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Si cette île n’a rien de mémorable, de remarquable (Oui, je sais, Assos, Fiskardos...mais très touristiques tout de même), elle est paradoxalement celle d’où on a le plus de mal à s’extirper. Elle accueille, elle reçoit, elle propose et on s’y fond paisiblement, comme si notre empreinte nous y attendait déjà. Ardu ensuite de détacher la patelle de son rocher.

Je soulignerai pour finir l’extrême gentillesse des habitants de l’île qui vous adoptent très rapidement (je parle hors saison…), heureux de vous voir ressentir leur île avec autant de délice et de béatitude.

 

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12 juillet 2011

Leucade, la dissonante

Pour les coutumiers des Cyclades, l’arrivée dans les Ioniennes est un choc. Oubliées les maisons blanches et les chapelles aux toits bleus, les plages douces, les collines arides, la végétation rare… ici nous sommes en paysage montagneux, aux arbres très verts, les côtes sont dentelées, la flore abondante, les maisons plus robustes, les toits protégés de tuiles roses (la saison des pluies dure d’octobre à mars).

Entre Corfou et Céphalonie, se trouve Leucade/Lefkas ou Lefkada (« la blanche »), en référence à la couleur de ses falaises de craie. Cette île est une vraie douche écossaise à elle tout seule : elle offre le pire, comme le meilleur, une nature esquintée mais aussi très préservée, des villages truqués comme des endroits authentiques, des plages abîmées mais des plateaux de montagnes à couper le souffle.

Leucade souffre du fait qu’elle est reliée au continent ; facile d’accès, elle doit absorber le week-end et l’été un tourisme assez envahissant : toute la côte Est est pour moi totalement sinistrée, bétonnée sans plan d’urbanisme, sans respect de l’environnement, les petites plages collées à la route. Il faut fuir Nydri comme la peste, principal centre touristique de cette côte, où comme le souligne un guide bien connu, le grec est la seule langue dont on n’a pas besoin : tout y est fait pour le tourisme bas de gamme.

Leucade est surtout reconnue pour ses plages de la côte Ouest, qui ornent bon nombre de calendriers, de dépliants ou de sites sur la Grèce. Porto Katsiki, Egremni, Gialos, Kathisma, sont des endroits d’une très grande beauté, aux eaux turquoises, protégées par de hautes falaises crayeuses. Mais, et ce mais est d’importance, elles sont toutes aménagées dès le début de saison, avec des parasols et des transats sur 5 à 6 rangées tout le long du rivage. On image ces endroits en avril et en mai, quand tout ce foutoir ne pollue pas encore la vue et les oreilles.

 

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Mais faut-il alors passer par Leucade ? Eh bien oui, mais pour ses montagnes, ses modestes villages intérieurs, ses monastères en ruine si paisibles, ses deux petits ports du Sud (Vassiliki et surtout Sivota), pour son Profitis Ilias (seul toit bleu de toute l’île), pour ses sommets dans la brume, ses routes en lacets dans les genêts et les oliviers, ses plateaux désertiques où souffle un vent du diable (Englouvi).

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L’intérieur de l’île secrète un réel enchantement. Vous y serez certainement tout seuls, avec quelques troupeaux de chèvres et leur pâtre qui se demandera ce que vous faîtes sur ses hauteurs au lieu de bronzer idiots. Vous vous perdrez beaucoup à la recherche d’églises oubliées, vous croiserez un peintre hollandais dans une chapelle dont le vent fait tinter les cloches, vous aurez une pensée pour Sappho en arrivant au Cap Doukato et vous l’aimerez beaucoup, cette île de Leucade, le cœur empreint d’un sentiment de plénitude, de la certitude d’un lien unique avec une nature protégée, d’une révélation improbable, de grands moments de bonheur à la découverte d’endroits dérobés, discrets, qui font aussi de Leucade une île miraculeusement préservée.

 

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8 juillet 2011

Milos, île des contrastes

Au sud des douces et sereines Serifos et Sifnos, s’étale une grande île volcanique, en forme de fer à cheval, vive, colorée et… moderne. Rien à voir avec ses consœurs, on change de monde et d’époque. Si Santorin dégage une forte présence géologique, elle est avant tout cycladique (architecture, atmosphère), ce qui n’est pas le cas de Milos. La richesse actuelle de Milos vient de ses mines, d’extractions dantesques, dans la partie Est : des complexes industriels massacrent l’île, la creusent à ciel ouvert sur des centaines de mètres, pour donner un ensemble de cratères béants d’où sans relâche, sont prélevés perlite, bentonite, kaolin, souffre, baryte, gypse. Le va et vient des gigantesques trucks flambant neufs monopolise les routes et vous ne ferez alors pas le fier à bord de votre petite Fiat Punto. Nous sommes tombés sur cet enfer de bruit, de poussière, de machines absolument par hasard. Evidemment une facette de l’île peu décrite sur les dépliants touristiques…

 

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Mais la générosité de ses sols a aussi façonné Milos et l’a dotée de falaises, de côtes insolites et saisissantes, de rochers aux formes très inhabituelles et aux couleurs tranchées. Il est conseillé d’effectuer le tour de l’île par bateau pour admirer ses curiosités : immenses falaises d'orgues basaltiques, écueils de pierres déchiquetées, blocs vertigineux où on peut lire l’histoire géologique de l’île en suivant les strates colorées, petites criques camouflées sous les escarpements, cette balade est vraiment un enchantement.

Milos est aussi reconnu pour ses petits ports atypiques très colorés (Klima, Mandrakia ou Firopotamos), des anciens garages à bateaux, construits au raz de l’eau, creusés dans la roche, devenus des habitations, à un ou deux étages.

 

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Passage obligé sur le site de Sarakiniko, le plus visité de l’île : cette petite partie de la côte est formée de rochers blancs, tout nus, lisses et arrondis, comme charnus, bulbeux, sans aucune forme de végétation. Le vent y souffle souvent en rafale et la mer perd sa douceur égéenne pour des bonnes vagues dignes de l’Atlantique.

 

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Ses plages entourées de formations rocheuses rouges, ocres ou vertes, portent évidemment l’empreinte de cette vie volcanique et on est parfois surpris de découvrir des remontées d’eau chaude, des émanations de gaz ou des senteurs de souffre. Paliochori est un cours de géologie à elle toute seule.

Milos offre aussi de bonnes tables avec une mention spéciale à « Erghina », village de Tripiti, cuisine vraiment typique de l’île avec des plats jamais vus ailleurs. Pour moi une des meilleures tables de toutes les cyclades.

Cette île possède de très beaux atouts pour séduire le visiteur. Néanmoins, il lui manque pour moi une unité, une bienveillance et une rondeur. C’est bien la première fois que la « capitale » d’une Cyclade (le plaka, ou le chora) ne me séduit pas. Le port d’arrivée est déjà une petite ville contemporaine, pas un assemblage de cubes croulants sous les bougainvilliers. C’est une île moderne, offrant tout le confort possible mais manquant d’élégance et d’enchantement, à mon goût. Je traîne peut être aussi une image un peu désuète d’une certaine Grèce figée dans un autre temps (merci Lacarrière), agricole, humaine et préservée.

7 juillet 2011

Serifos, la sauvage

Un peu au dessus de Sifnos, une autre île des Cyclades est peu fréquentée par les visiteurs, Serifos. Les ferries arrivent au port de Livadi, où se concentrent hôtels, chambres à louer, tavernes… Je vous déconseille fortement d’y loger à moins d’être moustiquophile. Livadi est construit dans le lit d’une ancienne rivière, cerné par des roseaux, la zone est humide et extrêmement riche de volants en tout genre. Dormir sous la moustiquaire est quasi obligatoire. De toute façon Livadi n’a aucun intérêt. Montez plutôt tout de suite à Chora, chef lieu qui culmine sur les hauteurs, authentique village cycladique. Je vous recommande une halte au café Stou Stratou, sur la place Saint-Athanasios bien accueillante.

 

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Serifos est une petite île aride, pelée, comme tondue par les vents qui lèchent ses collines. Elle bénéficie de très belles plages de sable, telles Psili Ammos, Agios Sostis ou Kalo Ambeli. Certaines ne sont accessibles qu’après une bonne marche de trente minutes dans les collines mais la transparence de l’eau et la tranquillité de la plage ne vous le feront pas regretter (une très bonne carte bien détaillée s’impose pour suivre les bons sentiers). Serifos est une île ou vous pourrez marcher deux ou trois heures sans croiser âme qui vive (sur deux pattes j’entends, moutons et chèvres sont les seuls rois des étendues désertes de construction de l’île).

Les seuls vrais et beaux arbres de l’île se rencontrent dans le monastère des Taxiarches (des Archanges), près de Galani, bâti comme une forteresse, certainement sur une des rares sources de l’île, à l’abri de ses hauts murs blancs. Le dernier moine vous ouvrira la porte avec courtoisie, vous offrira thé et loukoum et vous fera visiter l’église riche de fresques.

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Ne pas manquer de faire une halte « retour dans le passé » à Megalo Livadi, au sud de l’île. Ce tout petit village est en fait le musée en plein air de ce qui a fait la richesse de Serifos dès le XIXème, son sous-sol, gorgé de minerais. Tous les engins d’extractions, de transport, de chargement ont été laissés là, abandonnés en l’état, rouillés, comme si tous les mineurs s’étaient volatilisés d’un coup. Arpenter cet endroit, sous un soleil de plomb, le silence accablant uniquement troublé par le crissement des insectes est assez troublant. Ne pas hésiter par contre à déjeuner dans les deux petites tavernes pieds dans l’eau du village, un des meilleurs poulpes grillés jamais dégusté en Grèce.

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Serifos est une terre que l’on découvre en marchant, sur des sentiers secs et durs, dans une végétation rêche et jaune mais qui offre à ceux qui font l’effort de la découvrir des rencontres, des lieux singuliers que je n’ai croisés dans aucune autre île.

 

4 juillet 2011

Kastro, île de Sifnos, plus beau village des Cyclades

Je suis retournée à Sifnos rien que pour lui. En ce qui me concerne, c’est un des plus beaux lieux qui soit, aussi fort que le site du  Monastère de la Panagia Chozoviotissa à Amorgos. Kastro est  l’ancienne capitale fortifiée de l’île, un véritable bourg-forteresse vénitien bâti vers 1630 sur la côte Est, sur le bord d’un rocher aux falaises abruptes, avec la mer en à pic. Il reste encore des traces du mur extérieur, ceignant le village. Côté mer, ce sont carrément des habitations de deux ou trois étages, presque sans aucune ouverture, qui servaient de remparts. A l’intérieur de cette fortification, on découvre les maisons de maîtres, les ruelles pavées aux joints blanchis, les églises aux toits bleus ou blancs. Mais j’ai rarement vu une telle pagaille urbaine, un tel enchevêtrement de maisons : loggias, escaliers, enfilement de voûtes, passages étroits qui débouchent sans prévenir sur la mer, une seule petite place (ou bien un simple élargissement de la venelle ?)  et hop, on se perd à nouveau dans le dédale, on monte des marches, on repasse sous des arches, on tourne la tête avec surprise car on découvre des écussons des grandes familles du chef-lieu gravés sur les linteaux des portes, ou des colonnes servant de piliers pour soutenir une arcade. Le temps semble s’être arrêté dans ce kastro,  où nous sommes début juin bien souvent les seuls visiteurs. Le village est ramassé sur lui-même, fermé, dense, silencieux, comme pétrifié depuis plus de trois siècles : on ne serait pas étonné de voir passer des cavaliers d’un autre temps ou d’entendre le fracas des épées.

 

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Au bas de la falaise sur un promontoire, l’église des Efta Martyres, émerge des flots, tel un îlot du grand Bé toujours à marée haute. Le soir, vers 19 heures, on s’assoit au bord du précipice sur un banc, on perçoit le tintement des cloches des troupeaux de chèvres et de moutons sur la colline à droite, le regard se perd vers l’immensité de la mer qui s’ouvre devant Kastro et l’on se dit que c’est ici qu’il faudra venir se reconstruire si un vrai chagrin nous prenait.

 

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3 juillet 2011

Sifnos, la paisible

Si toutes les Cyclades se ressemblent, toutes se distinguent. On passe dans certaines, on s’attarde dans d’autres et on revient dans quelques unes, Sifnos fait partie de celles-ci. Île des Cyclades de l’ouest, elle offre au premier regard les mêmes maisons cubiques blanchies à la chaux, les coupoles bleues des églises, la rareté de sa végétation et les plages d’eaux claires.

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Mais on respire surtout une quiétude quasi palpable, une douceur et un parfum de sauge. Pas encore défigurée par le tourisme, sa campagne reste vierge de constructions anarchiques. Je vous conseille de vous loger au chef lieu Apollonia ou à Ano Petali (quartier d’Apollonia situé un peu en hauteur), pour la bonne raison que les bus rayonnent à partir de là. Je recommande la Pension Geronti, hôte sympathique qui nous gava de gâteaux maisons et de tourtes fraîches aux épinards, comme nous baragouinons quelques mots de grec. Ah oui, essayez vraiment avant votre départ de France de potasser un peu l’alphabet et le vocabulaire de base : en Grèce on parle grec, pas anglais. Les locaux y sont très sensibles et vous verrez tout d’un coup arriver sur votre table des petits suppléments offerts de bon cœur, des vieux papis grecs vous sourire sur les chemins de rando et vous offrir des fruits de leurs vergers pour remercier vos efforts. Cela ne coûte pas grand-chose et vous passerez un peu moins pour des touristes « sea and sun ».

Sifnos distille son charme harmonieux au fur et à mesure des balades : elle n’a pas la vitalité de Paros, l’âpreté d’Amorgos, les contrastes de Milos ou la splendeur de Santorin. Elle reste un peu à l’écart, discrète, délicate et secrète. En fin de printemps, ses plages sont encore désertes, les petits villages (Artemonas, ancien quartier des puissants de l’île abrite de magnifiques demeures de maîtres et Kastro, l’ancienne capitale, vous racontera l’histoire médiévale de l’île) valent à eux seuls le déplacement. Les baies bien abritées cachent des petits ports où rien de semble avoir bougé depuis des décennies (Cheronissos, Faros, Vathy).

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Sifnos séduit ceux qui recherchent une île encore rurale, apaisante, où les insulaires sont plus nombreux que les touristes, et qui durant quelques jours savent se glisser dans le rythme nonchalant des rêveurs. On se pose à Sifnos, on arrête sa montre, on prend le temps de regarder les moutons passer en sirotant son ouzo et on médite comme un vieux sage.

 

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